Energie

Par Imed Dérouiche : Voyagez avant que ça ne soit tard !!!!

Partager

L’enjeu est de taille avec un choix cornélien qui prévaut : Faut se soucier du développement du tourisme avec son impact sur l’économie et les emplois ou se préoccuper de l’ampleur du trafic aérien avec la multiplication des vols et les conséquences sur le climat et l’environnement ?  Peut-on concilier essor touristique et préservation écologique ?  Existe-il une alternative à l’avion, moyen de transport énergivore et extrêmement polluant ?

Autant de questions qui interpellent les climatologues qui prônent un SAF avec des carburants d’aviation durables et les acteurs du tourisme mondial dont le transport aérien est un pilier incontournable et indispensable pour la pérennité et le développement de l’activité.

 Entre les détracteurs du transport aérien et ses farouches défenseurs, la guerre des arguments est ouverte.  Et si les premiers avancent l’empreinte carbone élevée du transport aérien comme argument irréfutable de sa grande pollution, les climato sceptiques rétorquent que le calcul de l’empreinte carbone est calculée sur la base d’un trajet d’un point A à un point B sans pour autant tenir compte du nombre de passagers. L’empreinte carbone ne doit pas être calculée sur la base d’un avion mais sur la base de nombre de passagers. 

L’équation est certes, inextricable mathématiquement entre un développement croissant du transport aérien avec ses répercussions économiques d’un côté et les aspirations écologiques et environnementales qui appellent à une taxation de l’aérien pour réduire le trafic, décongestionner les autoroutes du ciel et purifier la planète. 

La tendance générale est à un allégement du trafic aérien et d’ailleurs plusieurs propositions sont à l’étude comme celle de   l’ONU qui préconise de réduire de 20 % le trafic aérien afin de diminuer les émissions de CO2 ou de certaines ONG écologistes qui proposent une sur–taxation du transport aérien avec pour conséquence immédiate une augmentation exponentielle du prix des billets d’avion et la disparition de facto des compagnies Low-Cost qui ont, certes  démocratisé les voyages mais  aussi et surtout augmenté le trafic et par conséquent l’émanation de CO2.

La mobilité aérienne risque de devenir inaccessible et j’invite les amoureux des découvertes à faire le plein des voyages avant 2030 car au-delà de cette date, nous allons avoir une flambée des prix et une disparition pure et simple des compagnies Low-cost qui vont se transformer  en High -cost exclusives à une niche comme ce fut le cas dans les années 70.

L’autre conséquence de cette tendance verte du transport aérien est l’impact sur le tourisme et j’appelle les professionnels du secteur à anticiper avec une refonte totale de la stratégie réceptive et au modèle économique car avec des prix d’avion élevés, le tourisme de masse et l’hôtellerie simple ne seront plus viables et l’alternative serait un tourisme de qualité basé sur l’excellence du service, la qualité des prestations, les découvertes patrimoniales et culturelles et l’aventure.

Pour atténuer l’empreinte carbone de cette mobilité aérienne, les alternatives au kérosène paraissent complexes et difficile à atteindre car électrifier les moteurs des avions est domaine de l’impossible à l’heure actuelle et les remplacer demanderait des années de recherche et de développement.  La solution la plus rapide serait d’utiliser du carburant vert compatible avec les moteurs actuels mais qui émettent moins de CO2. 

Et parmi ces carburant l’alternatif , le SAF  ( Sustainable Aviation Fuel)  et j’appelle les avionneurs et compagnies aériennes à opter pour ce carburant dont l’avantage est double : il est issu de matières premières renouvelables comme l’huile de cuisson, résidus de biomasse, déchets agricoles et algues et il ne nécessite pas un changement ou une transformation de moteur et d’ailleurs la compagnie Virgin qui s’est inscrite dans le programme SAF a réalisé un vol transatlantique New-York-Londres 100% SAF pour montrer l’exemple  et en faire des émules même si la production de ce fuel propre  soit encore limitée et incapable de répondre aux besoins des compagnies.

Le eSAF pourrait à mon avis représenter une opportunité pour la Tunisie, si nous décidons d’en créer une unité pour fournir tous nos Aéroports et ceux de nos voisins pour en faire un Hub du carburant Vert comme point de ravitaillement pour notre compagnie aérienne et les compagnies étrangères qui desservent nos aéroports et aussi comme fer de lance pour notre tourisme qui pourrait se prévaloir du Label Vert. 

Tout est réuni pour faire de la Tunisie le Hub du eSAF avec comme point d’ancrage la transformation de la raffinerie STIR de Bizerte dont les équipements sont obsolètes avec un rendement insuffisant qui entrave ses équilibres financiers, en une unité de production de Green Fuel qui pourrait générer des millions de Dollars de bénéfices et servir comme exemple de l’engagement de la Tunisie pour l’environnement et une planète verte.

Ainsi le eSAF parait la réponse idoine à cette équation inextricable et une réponse à ce choix cornélien entre liberté de mouvement, démocratisation des voyages et préservation de la planète en offrant à la fois cette latitude de se déplacer librement, ce besoin de se développer, cette appétence à de nouvelles aspirations et ce droit inaliénable de l’humanité à un environnement sain et propre.

Imed Dérouiche

Laissez un commentaire