Société

Par Jawhar Chatty : La République des mots et des maux

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10 h, ce dimanche. Temps printanier pour une fin du mois de janvier. Rencontre autour d’un café avec un ancien ministre. Au Lac de Tunis. Ce qui de prime abord est frappant, c’est cette boulimie. Les prix ne sont pourtant pas exceptionnellement cléments. J’en fais la remarque à mes côtés, à l’ancien ministre. Il ne bronche pas, ou plutôt si : «  ce n’est pas représentatif de la société tunisienne ».

Deuxième observation : aux tables, véritables banquets, on ne se parle pas. Chacun était plongé dans son portable… Là aussi, j’attendais une petite réaction. Là aussi, ce fût la même réponse.

La boulimie, comme du reste son pendant l’anorexie, est une pathologie symptomatique  d’un profond mal être, une angoisse. L’angoisse du lendemain incertain, alors on ” vit” pleinement l’instant … ravagé de l’intérieur par la République des mots…

Aucune sérieuse réflexion sur l’après.

Nous sommes constamment au to ( T zéro), voire au T-1. Le mur des lamentations permanent, nous nous s’auto-flagellanons sans fin en y prenant de surcroît du plaisir.

La classe politique, tout du moins ce qu’il en reste, surchauffée à blanc par des médias médiocres et irresponsables, constamment aux affuts du buzz, participe largement à cette auto-flagellation collective, l’alimente et l’entretient.

J’ai dû quitter le ministre à 11h30. J’ai surtout écouté. Un enrichissement renouvelé. A la tête d’un grand ministère stratégique, lucide. Et toujours au service de la Tunisie. Les petits calculs politiques mesquins, avaient fini par avoir raison et la peau de son  gouvernement qui n’a pour tout duré que trois mois au plus fort moment de la première vague du COVID 19. Un gouvernement méritant quoique l’on dise.

Il est peut-être grand temps que  l’on passe de la République des mots à la République de la réflexion dépassionnée et de l’action.

Jawhar Chatty

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Publié par
Tunisie Numérique