L’essor économique de la Tunisie pourrait bénéficier d’une ressource souvent négligée : le phosphogypse.
Ce sous-produit, issu de l’industrie phosphatière, est actuellement classé comme dangereux, mais des experts plaident pour sa reclassification et sa valorisation. Une récente réunion scientifique a mis en lumière les opportunités économiques que présente cette substance, tout en soulignant la nécessité d’une révision du cadre juridique qui l’entoure.
Le ministre de l’Environnement, Habib Abid a souligné lors d’une visite effectuée, mardi 24 décembre courant au gouvernorat de Gabès, la nécessité de relancer et de parachever, dans les plus brefs délais, les projets bloqués dans le domaine de la lutte contre la pollution de l’air.
Évoquant la question du déversement du phosphogypse provenant de l’industrie des phosphates dans la mer, le ministre a fait savoir que cette substance sera incluse parmi les matières pouvant être valorisées, ce qui contribuera à mettre fin à la pollution de la mer.
Pour rappel, le phosphogypse est généré lors de la fabrication d’acide phosphorique et d’engrais à partir de minerais calciques fluorophosphatés. En Tunisie, la production annuelle de phosphogypse atteint environ 10 millions de tonnes, ce qui représente une quantité significative à valoriser.
Les experts affirment que ce matériau peut être réutilisé dans divers secteurs, notamment dans la construction, l’agriculture et même les infrastructures routières. La possibilité d’utiliser le phosphogypse comme substitut au gypse naturel dans le ciment pourrait également réduire les coûts de production tout en contribuant à une économie circulaire.
La commission scientifique chargée de la valorisation du phosphogypse a récemment recommandé de le retirer de la liste des matières dangereuses. Cette initiative vise à encourager son exploitation et à sensibiliser les acteurs concernés sur son potentiel. Les études menées montrent que le phosphogypse présente des caractéristiques physico-chimiques favorables, avec une faible concentration de métaux lourds et d’éléments radioactifs par rapport aux normes internationales.
En reclassifiant le phosphogypse comme un co-produit plutôt qu’un déchet dangereux, la Tunisie pourrait ouvrir la voie à des investissements dans des technologies innovantes pour sa valorisation.
L’avenir du phosphogypse en Tunisie semble prometteur si les recommandations des experts sont mises en œuvre. La mise en place d’une stratégie nationale pour sa valorisation pourrait non seulement contribuer à l’économie locale, mais aussi créer des emplois dans des secteurs variés. En intégrant ce matériau dans les chaînes de production existantes, la Tunisie pourrait non seulement réduire son empreinte environnementale, mais également renforcer son positionnement sur le marché régional et international. L’initiative visant à transformer un sous-produit en ressource pourrait ainsi devenir un modèle pour d’autres pays confrontés à des défis similaires.
La valorisation du phosphogypse représente une opportunité unique pour la Tunisie d’améliorer son économie tout en adoptant une approche plus durable face aux déchets industriels.
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