Cette fois toute la mauvaise foi et tout le talent de la Russie en matière de désinformation ne suffiront pas, impossible de mettre sous le tapis quelque chose d’aussi énorme qu’un avion de ligne abattu par un projectile, avec des témoignages vivants, des enregistrements, etc. Nous parlons du crash de l’appareil de la compagnie nationale Azerbaijan Airlines, lequel a causé des dizaines de morts, 38 officiellement et presque autant de blessés le 25 décembre 2024. Les USA ont dit dès les premières heures que c’est la défense aérienne russe qui a abattu l’appareil en repoussant une attaque ukrainienne, l’étrange communiqué du Kremlin le confirme… Enfin, il le dit sans le dire, il faut le lire entre les lignes.
Un «incident tragique»… C’est par cette formule laconique que le président russe Vladimir Poutine a présenté ce samedi 28 décembre ce qui semble être des excuses formelles. C’est toujours ça de gagné, Moscou fait très rarement pour ne pas dire jamais amende honorable, sa spécialité c’est plutôt le maquillage et le travestissement de la vérité, souvent très grossièrement. Mais le Kremlin ne pouvait pas jouer à jeu-là avec son fidèle allié, déjà que des amis il n’en a plus beaucoup depuis qu’il a envahi l’Ukraine…
Le président russe Vladimir Poutine «a exprimé une nouvelle fois ses condoléances sincères et profondes aux familles des victimes et souhaité un prompt rétablissement aux blessés», a dit Moscou, en indiquant que c’est Poutine qui a appelé son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev. A voir la tête des mauvais jours que faisait Aliev en commentant cet incident on se disait qu’il aurait le plus grand mal à faire avaler à ses concitoyens que l’armée russe n’était pour rien dans cette tragédie. Le Kremlin lui facilite un peu la tâche en reconnaissant à demi-mots sa responsabilité.
«Il a été noté dans la conversation que l’avion de ligne azerbaïdjanais a essayé à plusieurs reprises d’atterrir à Grozny. À ce moment-là, Grozny, Mozdok et Vladikavkaz faisaient l’objet d’attaques de véhicules aériens inhabités ukrainiens, et les systèmes russes de défense aérienne ont repoussé ces attaques», a déclaré la présidence russe, en soulignant qu’une enquête «objective et transparente» s’impose. «La commission gouvernementale kazakhe chargée d’enquêter sur tous les détails de l’incident fera appel à des experts russes, azerbaïdjanais et brésiliens […] Ce travail, effectué sur le territoire du Kazakhstan, sera objectif et transparent», a ajouté Poutine.
Aliev a répliqué très diplomatiquement que l’avion avait été «sujet à des interférences techniques et physiques externes dans l’espace aérien russe, entraînant une perte de contrôle et une redirection vers la ville kazakhe d’Aktau», d’après les données recueillies par le bureau présidentiel azerbaïdjanais. Bref, Bakou a soigneusement évité les mots qui fâchent…
Etant donné que l’Embraer 190 est un appareil fabriqué au Brésil ce dernier prendra part aux investigations sur les causes exactes du drame, ne serait-ce que pour écarter la responsabilité du constructeur. Mais vu que le Brésil est aussi un allié de Moscou en vertu de son statut de membre du club des BRICS il ne faut pas s’attendre à une extrême sévérité à l’égard de la Russie.
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