US President Donald Trump (R) and France's President Emmanuel Macron react as they talk during their meeting at Winfield House, London on December 3, 2019. - NATO leaders gather Tuesday for a summit to mark the alliance's 70th anniversary but with leaders feuding and name-calling over money and strategy, the mood is far from festive. (Photo by ludovic MARIN / POOL / AFP)
Ce samedi 30 mars, le ministère français du Commerce extérieur a exprimé une vive protestation après que plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l’ambassade des États-Unis leur demandant de supprimer leurs programmes de diversité et d’inclusion. L’objectif : conserver leur éligibilité aux contrats fédéraux américains.
Ce courrier se base sur le décret 14173, signé par Donald Trump à son retour à la Maison Blanche, visant à abolir toute forme de discrimination positive dans l’administration américaine. Ce décret s’applique également aux prestataires de services étrangers.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, le ministère du Commerce extérieur français a condamné « les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises » et « les menaces de droits de douane injustifiés ». Bercy rappelle que la France et l’Europe défendront non seulement leurs entreprises et leurs consommateurs, mais aussi leurs valeurs.
De son côté, le cabinet du ministre de l’Économie, Éric Lombard, a dénoncé « une pratique qui reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain, mais pas les nôtres ».
Ce geste diplomatique soulève une question de fond : les États-Unis peuvent-ils légitimement imposer leur vision idéologique à des partenaires étrangers ? L’administration Trump semble vouloir étendre ses politiques internes conservatrices à l’international, au nom des relations contractuelles.
Politiquement, cela interroge. Dans les démocraties modernes, la diversité et l’égalité des chances ne sont pas de simples éléments de communication, mais des leviers de cohésion sociale, de performance économique et de justice. Chercher à les éradiquer chez ses partenaires commerciaux s’apparente à une forme de chantage idéologique.
Les entreprises concernées, souvent multinationales, se retrouvent prises entre l’obligation morale et légale de promouvoir la diversité dans leurs pays d’origine, et les injonctions économiques d’un partenaire stratégique comme les États-Unis.
Outre le danger d’une remise en cause des valeurs de responsabilité sociale, cette pression pourrait aussi nuire à l’image des marques françaises si elles cédaient. En refusant de se plier à ces demandes, la France envoie un signal clair de souveraineté et de fidélité à ses principes républicains.
Cette affaire, qui intervient dans un contexte de tensions commerciales croissantes, pourrait bien devenir un nouveau point de friction majeur entre l’Europe et les États-Unis. Si l’UE veut protéger ses entreprises et ses valeurs, elle devra probablement se positionner officiellement sur cette affaire.
En refusant de se laisser imposer les standards conservateurs d’un partenaire, la France pourrait ouvrir la voie à une réponse coordonnée européenne pour défendre la souveraineté normative du continent.
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