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Psychologie : Apprendre à s’aimer sans filtres : Comprendre et surmonter le trouble dysmorphique corporel

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Dans une époque où la perfection règne sur les réseaux sociaux et où la diversité émerge trop lentement, apprendre à s’accepter tel que l’on est peut sembler être un véritable défi. Lorsque tout autour de nous semble idéal, accepter son apparence naturelle devient encore plus difficile. Que faire lorsqu’il devient impossible de sortir sans maquillage ou lorsque chaque photo doit être minutieusement retouchée ? Pour mieux comprendre ce phénomène, voici un éclairage sur le trouble dysmorphique corporel, ses manifestations et les moyens de le traiter.

 Qu’est-ce que la dysmorphophobie ?

Le trouble dysmorphique corporel, ou dysmorphophobie, est une maladie où la personne s’inquiète d’un défaut imaginaire ou mineur de son apparence. Elle est convaincue d’avoir une apparence anormale ou peu attrayante. Ce trouble se manifeste généralement à l’adolescence et touche environ 2 à 3 % de la population. Pourtant, il reste souvent non diagnostiqué à temps. La honte liée à l’apparence et la peur du jugement peuvent mener à une profonde dépression, voire dans les cas extrêmes, à des pensées suicidaires.

Il est donc crucial de connaître les symptômes de la dysmorphophobie et de consulter un professionnel dès que l’on soupçonne sa présence, en particulier chez les adolescents. Souvent, la « zone problématique » se concentre sur :

  1. La peau (acné, cicatrices, pigmentation, rides)
  2. La silhouette (poids, taille des hanches, longueur des jambes)
  3. Les cheveux (perte ou croissance excessive)
  4. Le nez (taille, forme)
  5. Les yeux (forme, symétrie)
  6. Des traits liés à la sexualité (taille des seins chez les femmes, musculature ou taille du pénis chez les hommes)

Bien que la personne puisse paraître normale aux yeux des autres, elle reste persuadée que ce « défaut » la défigure et est constamment moqué par son entourage.

 Les origines du trouble dysmorphique corporel

Le trouble dysmorphique corporel touche environ 2,4 % de la population, une prévalence comparable à celle de l’hépatite C. En réalité, ce chiffre pourrait être plus élevé, car la honte et la peur d’être jugé amènent de nombreuses personnes à dissimuler leurs pensées sur leur apparence.

Les causes de ce trouble restent floues, mais plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de son apparition :

– Autres troubles psychologiques (anxiété, dépression)

– Expérience traumatisante durant l’enfance (harcèlement lié à l’apparence, éloignement émotionnel des proches)

– Traits de personnalité (perfectionnisme)

– Pression sociale et normes de beauté

La génétique jouerait également un rôle, puisqu’un individu ayant un proche atteint de dysmorphophobie ou de trouble obsessionnel-compulsif est 4 à 8 fois plus susceptible de développer cette pathologie.

 L’influence des réseaux sociaux

Les médias et les réseaux sociaux imposent des standards de vie, de carrière et de beauté idéaux. Le phénomène de comparaison sociale amène les individus à évaluer leur propre attractivité et réussite de manière négative en se comparant aux autres. Cette pression permanente peut déclencher des troubles de l’image de soi, notamment chez les jeunes.

Cependant, blâmer et interdire les réseaux sociaux ne résoudrait pas le problème. Avant l’ère des réseaux, des personnalités comme Michael Jackson et Andy Warhol souffraient également de dysmorphophobie. Bien que les réseaux sociaux ne soient pas la cause directe du trouble, le type d’informations qu’ils diffusent peut influencer la perception de soi. Les influenceurs peuvent aider à réduire cette pression en étant transparents sur la retouche de leurs photos, en évitant les filtres, et en rappelant que les réseaux ne montrent souvent qu’une partie idéalisée de la vie.

 Manifestations du trouble

  1. Masquage de soi

La première réaction d’une personne atteinte de dysmorphophobie est de cacher la partie du corps qu’elle n’aime pas. Cela peut passer par des vêtements amples, du maquillage ou des accessoires. Ce comportement se répète fréquemment, avec des ajustements multiples tout au long de la journée.

  1. L’obsession du miroir

Se regarder dans les miroirs, les vitrines ou l’écran de son téléphone devient une habitude. La personne peut y passer des heures, souvent en effectuant des soins ou en manipulant sa peau.

  1. Soins excessifs

Le brossage fréquent des cheveux, le maquillage à outrance, le recours à la chirurgie esthétique sont des comportements courants. Malgré ces efforts, la personne reste insatisfaite, convaincue que son « défaut » persiste.

  1. Dommages corporels

Cherchant à éliminer des imperfections perçues (acné, pigmentation), certaines personnes vont jusqu’à abîmer leur peau en utilisant des aiguilles, des pinces ou d’autres outils.

  1. Entraînement physique excessif

L’activité physique devient une obsession. L’individu cherche à atteindre un idéal corporel inatteignable, combinant souvent exercices intensifs, régimes et suppléments.

  1. Achats compulsifs

La personne dépense des sommes importantes en produits cosmétiques, vêtements et services esthétiques, sans jamais parvenir à masquer le « défaut ».

  1. Comparaison avec les autres

L’individu compare constamment son apparence à celle des autres, que ce soit en ligne ou dans la vie réelle, ce qui alimente son sentiment de dévalorisation.

  1. Recherche de validation

Un besoin constant de compliments et de validation de l’apparence par autrui se fait sentir, mais jamais en quantité suffisante pour apaiser l’angoisse.

  1. Isolement

Certains préfèrent s’isoler pour ne pas exposer leur « défaut ». Cela peut mener à un refus de sortir, de travailler ou de fréquenter l’école.

  1. Symptômes somatiques

La détresse émotionnelle peut provoquer des symptômes physiques tels que maux de tête, douleurs abdominales ou palpitations.

 Faut-il traiter ce trouble et comment ?

Le trouble dysmorphique corporel est une maladie chronique, mais avec une prise en charge adaptée, la qualité de vie s’améliore. Environ 76 % des personnes traitées parviennent à un rétablissement complet. Le traitement repose principalement sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et, dans certains cas, sur des médicaments tels que des antidépresseurs.

  • Thérapie cognitivo-comportementale

La TCC aide à identifier et à modifier les pensées négatives liées à l’apparence. Elle se déroule sur plusieurs mois et nécessite un thérapeute spécialisé dans le trouble.

  • Médicaments

Les antidépresseurs sont parfois prescrits pour soulager l’anxiété et la dépression associées au trouble. La durée du traitement varie selon les individus.

Il est essentiel de soutenir les personnes atteintes de dysmorphophobie et de les encourager à consulter un professionnel de santé. Leurs préoccupations, bien que profondément ancrées, peuvent être atténuées avec une prise en charge appropriée.

 Conclusion : Reprendre le contrôle de son image de soi

Le trouble dysmorphique corporel est une réalité pour beaucoup et peut être difficile à surmonter sans aide. En reconnaissant les symptômes et en adoptant des attitudes bienveillantes envers soi-même et les autres, il est possible de se libérer du miroir déformant de l’insatisfaction. Chaque personne mérite de s’accepter et de s’aimer telle qu’elle est, sans filtres ni retouches.

 

 

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