Une décision religieuse au cœur des débats
Le Conseil des oulémas du Conseil spirituel des musulmans de Russie (ДУМ) a autorisé les musulmans à conclure jusqu’à quatre mariages religieux conformément aux principes de l’islam.
Cette décision, annoncée par le mufti de Moscou, Ildar Alyautdinov, s’adresse aux croyants respectant des conditions spécifiques.
Les règles encadrant la polygamie
Le mufti Alyautdinov a expliqué que cette autorisation repose sur des motifs précis, tels que :
- L’incapacité de la première épouse à concevoir en raison de problèmes de santé ou de son âge.
- Une incompatibilité sexuelle ou un refus explicite de la première épouse d’avoir des enfants.
Pour que la polygamie soit permise, plusieurs conditions strictes doivent être respectées :
- Équité absolue entre les épouses, notamment en matière de soutien matériel, de logement et de temps passé avec chacune.
- Consentement et transparence : un homme marié doit obligatoirement informer sa première épouse de son intention de se remarier.
Toutefois, si ces conditions ne sont pas remplies, la polygamie reste interdite, selon les principes islamiques.
Une incompatibilité avec la législation russe
En Russie, le Code de la famille interdit toute union légale avec une personne déjà mariée. Ainsi, les mariages religieux n’ont pas de valeur juridique dans le pays. Cela pose un problème pour les droits des femmes impliquées uniquement dans des unions religieuses, qui ne bénéficient pas de la protection offerte par la loi civile.
Réactions divergentes
Les arguments religieux
Les défenseurs de cette pratique mettent en avant son conformité avec les préceptes de l’islam et son importance pour répondre à des situations particulières.
Les critiques politiques et sociales
Cependant, cette autorisation suscite des réactions contrastées au sein de la société russe. Nina Ostanina, présidente du Comité parlementaire pour la famille, l’enfance et la maternité, s’est fermement opposée à la polygamie, la qualifiant de contradictoire avec la Constitution russe et les valeurs traditionnelles. Elle a exprimé ses préoccupations concernant :
- L’impact économique possible sur les familles.
- Les risques d’inégalité entre les genres, soulignant que la Constitution russe garantit l’égalité hommes-femmes.
Ostanina a également soulevé une question provocante : « Si la polygamie est acceptée, pourquoi pas la polyandrie (le mariage d’une femme avec plusieurs hommes) ? »
Une tension entre religion et législation
Cette décision met en lumière les tensions persistantes entre les normes religieuses et les lois civiles dans un pays où les musulmans représentent une part importante de la population. Tandis que certains y voient une adaptation aux besoins spécifiques des communautés musulmanes, d’autres craignent qu’elle n’ouvre la porte à des conflits juridiques et sociaux.
Ainsi, l’autorisation de mariages religieux multiples pour les musulmans en Russie reflète la complexité des relations entre religion et législation laïque.
Si cette pratique répond à des principes religieux, elle soulève des débats sur les droits des femmes, l’équité entre les genres et la compatibilité avec les valeurs constitutionnelles du pays. Une question qui reste largement ouverte dans une société aux sensibilités multiples.
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