Entre l’Algérie et l’Europe, la France en particulier, c’est “je t’aime, moi non plus”. Cette relation schizophrénique puise ses racines dans les tourments d’une décolonisation qui a mal tourné, avec une guerre sanglante dont on panse encore les plaies. Mais pour tout le reste ça roule parfaitement entre Alger et Paris : le business est au beau fixe, les liens diplomatiques se raffermissent au point qu’on attend la confirmation de la date de la visite du président algérien en France, etc. Certes l’Algérie ratisse large en faisant affaire avec la Russie, avec la Chine et pas peu… Mais l’Europe reste le centre de gravité de la géopolitique algérienne, quoi qu’en dise Alger. Ce qui l’illustre le mieux c’est la dynamique des demandes de visa Schengen.
Les dossiers de visas Schengen en provenance d’Algérie ont explosé en 2023. Cette hausse spectaculaire des demandes, à elle seule, +21%, démontre l’appétit croissant des citoyens algériens pour le continent européen. Les ressortissants algériens, logés au 5e rang en 2022 avec 392 053 demandes, cumulent 474 032 demandes l’an dernier, soit 81 979 dossiers de plus. Bon, l’Algérie n’est plus dans le TOP 5 des demandeurs de visa Schengen en 2023, elle est 6e, derrière la Chine, la Turquie, l’Inde, le Maroc et la Russie. Mais ça ne change rien à la tendance en Algérie.
D’après Schengenvisainfo cette poussée s’inscrit dans un mouvement général de hausse du nombre des demandes de visa Schengen, +37% en comparaison avec 2022, pour se hisser à plus de 10,3 millions de demandes recensées. C’est colossal. L’Afrique y laisse sa chemise – fuite des cerveaux, talents et compétences – mais ça c’est un autre débat. De toute façon les pays du tiers monde pourront difficilement lutter contre l’amélioration des conditions de voyage et l’assouplissement des politiques migratoires – pour une certaine élite – dans certains pays européens.
Globalement il y a un changement spectaculaire dans le classement des pays demandeurs de visa Schengen. La Chine est désormais leader avec 1,1 million de demandes déposées, ce qui fait passer les Chinois de la 22e à la 1e place. Les Algériens certes ont un gros appétit pour l’Europe mais ils ne pourront jamais battre la deuxième économie du monde et son 1,4 milliard d’habitants. En fait c’est l’irruption de la Chine qui a éjecté l’Algérie du TOP 5.
Le Maroc par contre conserve sa place dans le TOP 5 des demandeurs, avec même un bond en avant phénoménal de 39,7% en comparaison avec 2023. Ce n’est pas le cas de la Turquie, qui passe du 1er rang au 2e.
Place aux taux de refus de visa : ils sont en léger repli l’an dernier mais demeurent à des niveaux importants pour certaines nationalités. Les citoyens biélorusses, russes, turcs et iraniens sont les plus impactés, avec des taux de refus excédant 40%. Mais tout cela ne masque en rien le taux d’acceptation global, très conséquent : 82,3% des demandes, soit 8,5 millions de “Oui”.
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