Mohammed Rjaibia, chargé des grandes cultures à l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pèche (UTAP) a indiqué aujourd’hui mardi 21 juin 2021, à la marge de la réunion du bureau exécutif élargi de l’union, que la récolte des céréales devrait atteindre entre 8 et 8,5 millions de quintaux. Il a affirmé, au passage, qu’il n’y aura aucun risque de problèmes liés au stockage.
Rjaibia a souligné que le manque d’intrants, notamment les engrais, et les conditions climatiques difficiles ont impacté défavorablement la saison agricole tout en précisant que la Tunisie aura besoin d’importer près de 32 millions de quintaux de céréales, soit 70% de ses besoins en céréales et 90% de ses besoins en blé tendre.
Ces chiffres illustrent la dépendance quasi-totale du pays qui souffre d’un déficit alimentaire chronique notamment ces dernières années. Rien qu’au cours des cinq premiers mois de cette année, ce déficit est passé du simple au triple.
Malgré l’inondation du pays, par quelques importateurs, de semences inadaptées au climat tunisien et à faible rendement et les difficultés qu’endurent les agriculteurs pour avoir les engrais gérés presqu’exclusivement par les mafias de contrebandiers, Mohammed Rjaibia, garde son optimisme et considère que la Tunisie peut être en situation d’autosuffisance en céréales rien qu’en quelques années !
Pour cela, le membre de l’UTAP recommande pour remédier aux difficultés du secteur la bonne préparation de la saison agricole, l’anticipation des besoins en intrants et le traitement des grandes cultures comme étant un système agricole intégré…
Rappelons que l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE), vient de publier, au mois de décembre dernier, un rapport intitulé « Les limites d’une politique de sécurité alimentaire : le cas de la filière céréalière ».
D’après le rapport, le secteur céréalier constitue un axe stratégique de l’agriculture tunisien en représentant 13% de la valeur ajoutée agricole. De plus, étant la base de la ration alimentaire des tunisiens, les céréales constituent en moyenne 13% des dépenses alimentaires des ménages.
L’OTE indique que durant la période 2008-2018, la dépendance aux importations a été en moyenne de l’ordre de 57.35%, toutes céréales confondues. Ces dix dernières années, la demande intérieure en blé tendre est assurée en moyenne à 84.21% par les importations. Quant au blé dur et à l’orge, en moyenne, ils sont dépendants des importations, respectivement, à raison de 40.69% et 50.81% pour la même période 2008-2018. Cette situation est considérée comme insoutenable.
En faisant le choix de recourir aux importations en arguant un gain en termes de ressources en eau, les autorités n’ont n’a pas privilégié la souveraineté alimentaire.
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