Les récentes propositions visant à amender le statut de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) soulève des interrogations méthodologiques quant à l’avenir de son indépendance.
Ces initiatives pourraient avoir des répercussions significatives sur la politique monétaire et le devenir économique du pays.
Fusion des initiatives
La Commission des finances et du budget à l’Assemblée des représentants du peuple a tenu, hier jeudi 10 avril, une séance consacrée à l’examen de deux propositions de loi (n°06/2023 et n°70/2024) visant à modifier et compléter la loi organique n°35 de 2016 relative au statut de la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Les initiateurs de la première proposition ont défendu la nécessité de permettre à la BCT de financer directement le Trésor public dans un cadre strictement encadré, aussi bien sur le plan temporel que quantitatif.
De leur côté, les auteurs de la seconde proposition ont présenté un projet plus étoffé, comprenant la modification de 11 articles existants et l’ajout de 3 articles transitoires. Les députés présents ont souligné l’importance de cette réforme pour la relance de l’économie et de l’investissement, tout en appelant à un débat élargi avec toutes les parties prenantes. La Commission a conclu la séance en demandant aux deux groupes porteurs des projets de présenter un texte unifié pour examen ultérieur.
Défis de politique monétaire
L’indépendance de la banque centrale a longtemps été considérée comme une approche répandue au niveau de la gestion de la politique monétaire. En théorie, cette autonomie permet à la banque de définir sa stratégie sans ingérence des autorités financières, garantissant ainsi une réponse spécifique aux fluctuations économiques.
Cependant, avec les pressions croissantes pour que la banque centrale finance directement le déficit budgétaire, ce principe semble remis en question. Les députés envisagent d’autoriser des prêts directs au Trésor, ce qui pourrait impacter, dans une certaine mesure, la capacité de la banque à maintenir une politique monétaire restrictive.
Principaux avantages
La fin de l’indépendance de la BCT pourrait présenter certains avantages potentiels pour l’économie tunisienne, bien que ces bénéfices doivent être soigneusement pesés contre les risques associés.
L’un des principaux avantages d’une BCT moins indépendante serait la capacité de l’État à financer directement ses déficits budgétaires. Cela pourrait permettre au gouvernement d’accéder rapidement à des ressources financières sans passer par les marchés internationaux, souvent soumis à des taux d’intérêt élevés.
En période de crise économique, cette flexibilité pourrait offrir un moyen immédiat de relancer l’économie en injectant des fonds dans des secteurs prioritaires tels que l’éducation, la santé et les infrastructures, favorisant ainsi une croissance plus rapide.
Ressource pour les projets d’investissement
En permettant à la BCT de financer directement le Trésor public, le gouvernement pourrait utiliser cette ressource pour soutenir des projets d’investissement qui stimulent la création d’emplois et favorisent la valeur ajoutée locale. Ce modèle pourrait être inspiré par des approches keynésiennes, où l’investissement public est utilisé comme levier pour dynamiser l’économie.
Au niveau de cette approche, on soutient que cela pourrait contribuer à atténuer le chômage élevé et à améliorer le pouvoir d’achat des ménages en injectant des liquidités dans l’économie.
Un autre avantage potentiel réside dans la réduction de la dépendance de l’État tunisien vis-à-vis des créanciers étrangers. Actuellement, le recours à l’endettement extérieur peut entraîner des conditions strictes imposées par des institutions telles que le FMI, souvent associées à des mesures d’austérité qui peuvent nuire à la croissance et au bien-être social.
En permettant un financement direct par la BCT, le pays pourrait diminuer sa vulnérabilité face aux fluctuations des marchés internationaux et aux exigences des bailleurs de fonds, tout en préservant une certaine autonomie dans ses choix économiques.
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