Suspension des résultats du premier tour de la présidentielle
Le vendredi 6 décembre 2024, la Cour constitutionnelle de Roumanie a annulé les résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 24 novembre, provoquant une onde de choc dans le pays.
Cette décision historique fait suite à de graves soupçons d’ingérence étrangère, notamment une campagne massive sur le réseau social TikTok, en faveur du candidat pro-russe Calin Georgescu.
Des soupçons d’ingérence via TikTok
Les autorités roumaines ont déclassifié des documents de renseignement national, révélant que 25 000 comptes TikTok avaient été associés à la campagne de Georgescu. Selon ces documents, ces comptes sont devenus extrêmement actifs deux semaines avant le scrutin, suggérant une campagne de manipulation numérique de grande envergure.
En plus de cette ingérence numérique, la Roumanie a également détecté plus de 85 000 cyberattaques, y compris le jour de l’élection, venant d’une trentaine de pays différents. Ces attaques ont visé les systèmes électoraux du pays, ce qui a profondément perturbé la confiance dans le processus électoral.
Calin Georgescu, un candidat controversé
Calin Georgescu, ancien fonctionnaire de 62 ans, avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour avec 23 % des voix. Défenseur de l’extrême droite, Georgescu a suscité l’inquiétude tant en Roumanie qu’à l’international en raison de ses propos pro-russes et anti-européens. Il s’est exprimé en faveur de l’arrêt de toute aide à l’Ukraine et a exprimé son admiration pour Vladimir Poutine, qu’il considère comme un “patriote” et un modèle pour la Roumanie.
Une décision controversée qui divise la classe politique
L’annulation de l’élection a suscité une vive polémique. Elena Lasconi, la candidate pro-européenne de centre-droit, a vivement critiqué la décision, la qualifiant de “destruction de la démocratie”. De son côté, George Simion, leader du principal parti d’extrême droite AUR, a dénoncé une décision “motivée politiquement” et a appelé ses partisans au calme.
Oana Popescu-Zamfir, analyste politique à Bucarest, estime que cette décision risque d’aggraver la polarisation politique déjà existante en Roumanie, notant que la Cour constitutionnelle est perçue par une grande partie de la population comme un organe trop influencé par les partis traditionnels, notamment le PSD (Parti social-démocrate).
L’importance géopolitique de la Roumanie
La Roumanie joue un rôle clé au sein de l’Union européenne et de l’OTAN, en particulier avec sa position stratégique à la frontière de l’Ukraine. Le pays abrite bientôt la plus grande base militaire de l’OTAN, un facteur qui renforce son importance géopolitique, surtout à l’heure de la guerre en Ukraine. La nomination de Georgescu à la présidence pourrait compromettre la politique étrangère de la Roumanie, notamment en ce qui concerne son soutien à l’Ukraine et sa position au sein de l’OTAN et de l’UE.
Les tensions créées par cette situation sont d’autant plus vives que Georgescu, en tant que chef des armées, pourrait entraver des décisions clés au sein de l’OTAN et de l’UE, notamment en matière d’envoi d’aide militaire à l’Ukraine.
Vers un nouveau scrutin présidentiel
La Cour constitutionnelle a ordonné l’organisation d’un nouveau scrutin, dont la date sera fixée par le gouvernement. En attendant, le président actuel, Klaus Iohannis, reste en fonction. Cette décision renforce le climat de méfiance et d’incertitude politique en Roumanie.
Ainsi, ‘annulation des résultats de l’élection présidentielle en Roumanie soulève de nombreuses interrogations sur l’intégrité du processus électoral et la stabilité politique du pays. Tandis que les partis d’extrême droite et les figures politiques divisées continuent de se livrer à une guerre des opinions, l’avenir de la Roumanie au sein de l’UE et de l’OTAN semble plus incertain que jamais.
Laissez un commentaire