Les Britanniques vont vite oublier le long règne des conservateurs, 14 ans sans interruption tout de même, une fin actée par la défaite historique de Rishi Sunak aux législatives anticipées de juillet dernier. Son successeur, Keir Starmer, le chef du Parti travailliste (l’équivalent de la gauche ou du centre gauche), s’était engagé durant sa campagne électorale à réformer en profondeur le droit du travail pour améliorer durablement les droits des salariés. A l’arrivée le projet de loi est révolutionnaire…
Le gouvernement britannique a déposé ce jeudi 10 octobre au Parlement un texte baptisé «Employment Rights Bill» et dont on parlera beaucoup prochainement. Ce projet ambitionne de tirer vers le haut le monde du travail, les salariés comme les employeurs. La vice-Première ministre Angela Rayner, en charge de ce dossier, a écrit dans un communiqué qu’il est grand temps d’enterrer un «droit du travail obsolète qui freine le développement du pays».
Le document sur les droits des employés comporte une batterie de quelque 30 mesures. La réforme «remettra à plat les terribles relations entre partenaires sociaux qui ont tant coûté à notre économie et à notre NHS», le service public de santé, un secteur qui a touché le fond. Le Premier ministre Keir Starmer a pris dans ce sens des engagements très fermes devant les députés hier mercredi.
Parmi les principales orientations il y a les modes de travail et l’accès aux indemnités, rapporte RFI. Sur le mode de travail, le modèle hybride – télétravail et présentiel – s’érigera en norme. Par ailleurs il sera interdit de licencier ses employés pour ensuite les réembaucher en leur imposant des contrats moins avantageux. La loi sifflera aussi la fin des contrats sans nombre d’heures minimum (zero-hours contracts), où les heures de travail fluctuent chaque semaine et mettent le salarié dans une précarité qui l’empêche de dessiner son avenir.
Le texte offre d’autres boucliers aux employés : Disparition des 4 jours de carence en cas d’arrêt maladie, extension du congé paternité et parental, protection contre le licenciement abusif dès la période d’essai. Les syndicats exultent et qualifient ce projet de loi de «victoire» pour les salariés…
«S’il est appliqué dans son intégralité», ce dispositif «améliorera les conditions de travail pour des millions de travailleurs», a commenté le secrétaire général de la confédération syndicale TUC, Paul Nowak. «Bien traiter les employés stimule la productivité et le niveau de vie», a-t-il ajouté.
Comme on pouvait s’y attendre la réforme terrifie les patrons, ils redoutent que ces nouveaux droits enfantent une génération de salariés-rois qui ne se soucient plus de la productivité et des coûts. La confédération CBI, qui regroupe 170 000 entreprises (des plus petites aux plus grosses) de divers secteurs dans tout le Royaume-Uni, craint que cette loi «accroisse la pression» sur les entreprises…
CBI a invité le gouvernement au dialogue pour aplanir les difficultés. «Un certain nombre de détails cruciaux font encore l’objet de consultations, il est important que le gouvernement s’appuie sur le dialogue» pour aller au bout de ces réformes, a dit la confédération. «Avec des risques et des coûts accrus sur l’emploi, les petits employeurs hésiteront à embaucher», a embrayé Tina McKenzie, la présidente de la Fédération britannique des petites entreprises (FSB).
«Cette législation est un travail bâclé, maladroit, chaotique et mal planifié. Le fait de proposer 28 nouvelles mesures aux employeurs des petites entreprises en même temps les laisse dans l’incapacité de s’y retrouver. Au-delà des belles paroles, elle ne contient aucun élément réellement favorable à la croissance et va accroître l’inactivité économique», a ajouté la patronne du FSB, rapporte The Guardian.
A noter que le projet est actuellement dans une phase de consultation avec les partenaires sociaux pour y apporter d’éventuels correctifs et ajustements. Il faudra attendre 2026 pour que cette loi soit promulguée. Il fallait au moins ça pour faire accepter aux citoyens les mesures douloureuses qui les attendent dans le premier budget travailliste. Avec des caisses vides et une économie en berne Starmer devra être très imaginatif et très volontaire…
Par ailleurs les succès du Premier ministre permettraient de gommer l’effet désastreux du scandale sur ses goûts de luxe et son appétit pour les cadeaux, des présents qu’il s’est engagé à rembourser en partie.
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