Tout le monde se pose des questions sur la réplique des 27 Etats-membres (on enlève la Hongrie et l’Italie, des amies de la Maison Blanche) de l’Union européenne (UE), ostensiblement ignorée et même humiliée dans les négociations pour stopper la guerre en Ukraine. Alors que factuellement ce sont les Européens qui ont signé le plus de chèques pour Kiev. Et ce n’est pas le coup de fil du secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, après sa longue conversation en Arabie saoudite – plus de 4 heures – avec les officiels russes qui tempérera la rancoeur des Européens…
Pour les Européens Poutine restera un paria
Rubio, en terrain conquis, s’est même permis de parler business et levée des sanctions avec Sergueï Lavrov, plus d’autres sujets qui ont énervé les Européens, alors que les Ukrainiens meurent encore, que leur quotidien est rythmé par les bombardements depuis 3 ans. Pour les pays de l’UE les retrouvailles interposées à Riyad entre Vladimir Poutine et Donald Trump n’y changent rien : le maître du Kremlin restera un paria, un ostracisé. Et c’est ce que le président français, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique, Keir Starmer, défendront chez Trump.
Le rapprochement entre les USA et la Russie est spectaculaire, et l’annonce par Poutine de la réouverture des missions diplomatiques des deux pays apporte la preuve que Rubio et Lavrov ont plus discuté de leurs propres intérêts que du dossier ukrainien. Ils croyaient pouvoir écraser cette affaire et festoyer sur les ruines, le président Volodymyr Zelensky et les Européens en ont décidé autrement. Kiev et ses soutiens ne se laisseront pas dévorer.
Macron sera à la Maison-Blanche ce lundi 24 février, une date qui marque le funeste 3e anniversaire de l’invasion de l’Ukraine. On sait déjà qu’il y aura des étincelles entre le chef de l’Etat français et le président américain. Une première indication nous a été donné par le 16e paquet de sanctions européennes qui frappent l’économie russe. Les autres éléments de cette rencontre forcément explosive nous ont été livrés par le journal Le Point.
Faire tout le contraire de Trump et l’assumer
Les Européens, enhardis par Macron et Antonio Costa, le président du Conseil européen, concoctent une stratégie diplomatique très musclée pour imposer leurs vues à Trump. Le président français ira à Washington armé des résolutions qu’il a prises avec les 26 pays de l’UE et les alliés, notamment le Canada, la Norvège et l’Islande. Ils ont décidé de faire front ensemble pour peser dans les prochaines négociations entre la Russie et les USA, tout en veillant sur l’Ukraine.
Après les deux réunions de Paris convoquées par Macron, un projet prend forme. La première phase, très urgente, organisera l’appui de l’effort de guerre ukrainien pour être dans les meilleures dispositions à la table des négociations. Il est donc question de donner des armes et de l’argent. Il s’agit de conforter Zelensky dans ses orientations, au moment où elles sont contestées et vilipendées par Trump…
Pour les Européens évoquer des élections en Ukraine dans un contexte de guerre est tout simplement saugrenu. En plus ce serait une aubaine pour Poutine, le champion incontesté de la déstabilisation et de la manipulation des élections libres en Europe. Zelensky a raison de dire que la Maison Blanche a bu le poison instillé par la propagande russe. Personne ne pouvait imaginer il y a encore quelques semaines que Washington goberait la soupe infecte de Moscou.
Certains enverront des soldats, d’autres des armes
Pour les pays de l’UE la première étape sera le cessez-le-feu. Pour y arriver ils proposent des garanties de sécurité consistantes pour l’Ukraine. Elles vont jusqu’au déploiement de soldats pour certains (France, Royaume-Uni), et davantage de munitions et d’armes pour d’autres. Il tout faut faire pour dissuader Moscou d’attaquer. Si la trêve tient alors on pourra ouvrir des négociations de paix. Mais Macron et compagnie insistent : Aucun accord si l’Ukraine et les Européens ne sont pas partie prenante.
D’autres conditions sur la table : Pas question de négocier quoi que ce soit si l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et/ou à l’Union européenne est retoquée d’emblée. C’est après les premiers rounds de discussion que ces dossiers seront tranchés. Les Européens refusent de suivre le refus catégorique de Trump pour toute intégration de l’Ukraine à l’Alliance avant même que la faisabilité de la chose soit étudiée techniquement.
L’UE mettra toutes les chances de son côté en désignant un Envoyé spécial, épaulé par un adjoint chargé du suivi journalier du dialogue. Le président finlandais, Alexander Stubb, se serait porté candidat. Un conseil européen extraordinaire pourrait être programmé dans les jours à venir pour fixer le plan d’attaque. Le voyage de Macron à Washington donnera des indications sur la crédibilité de la riposte européenne.
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