Dans un discours chargé de colère et de défiance, le président rwandais Paul Kagame a vivement critiqué les pays occidentaux ayant imposé des sanctions contre son gouvernement.
« Que les pays qui nous sanctionnent aillent en enfer », a-t-il lancé lors de la cérémonie officielle de commémoration du 31e anniversaire du génocide de 1994 au Rwanda, le 7 avril 2025.
Une réponse aux sanctions occidentales
Les propos du président rwandais interviennent dans un contexte de fortes tensions avec plusieurs capitales occidentales. Ces dernières semaines, les États-Unis, le Canada et des pays membres de l’Union européenne ont imposé des sanctions ciblées contre des responsables du gouvernement rwandais, en réaction à l’implication présumée de Kigali dans la crise sécuritaire à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Kigali est accusée par ces pays de soutenir des groupes armés actifs dans la région du Kivu, des allégations que le Rwanda nie catégoriquement. En réponse, Kagame a fustigé une ingérence occidentale injustifiée, estimant que ces sanctions sont le fruit d’une stratégie d’intimidation visant à affaiblir la souveraineté de son pays.
La souveraineté comme ligne rouge
Dans son discours, le président Kagame a insisté sur l’indépendance politique et diplomatique du Rwanda, affirmant que son pays « ne pliera pas face aux pressions étrangères » et qu’il « continuera à suivre sa propre voie ». Il a également dénoncé ce qu’il perçoit comme une hypocrisie occidentale : « Le monde occidental ne comprend pas les réalités africaines. Il pense pouvoir nous imposer ses vues, mais il se trompe lourdement ».
Il a ajouté que le Rwanda ne cherche pas la confrontation, mais refuse de se soumettre à ce qu’il a qualifié de diktat international. « Nous n’avons pas besoin de recevoir d’ordres pour savoir ce qui est bon pour notre peuple », a-t-il déclaré.
Une fracture diplomatique persistante
Les tensions entre le Rwanda et les pays occidentaux ne datent pas d’hier, mais elles se sont aggravées avec la multiplication des accusations liées au conflit dans l’est de la RDC. Le gouvernement rwandais estime être injustement ciblé dans un conflit où plusieurs acteurs régionaux et internationaux ont une part de responsabilité.
Kagame, qui dirige le Rwanda depuis plus de deux décennies, maintient une position ferme sur la non-ingérence dans les affaires intérieures de son pays. Sa posture suscite des réactions partagées : si certains observateurs saluent son franc-parler et sa défense de la souveraineté africaine, d’autres y voient une escalade dangereuse qui pourrait isoler davantage Kigali sur la scène internationale.
Une région sous tension
Ces échanges virulents surviennent dans une région déjà instable. La zone des Grands Lacs, et en particulier l’est de la RDC, reste un foyer de conflits armés, de crises humanitaires et de rivalités transfrontalières. Les propos de Kagame risquent d’exacerber les tensions diplomatiques, d’autant plus que les pays occidentaux envisagent d’élargir leurs mesures de rétorsion si la situation sécuritaire ne s’améliore pas.
Pour l’heure, Kigali campe sur ses positions et affirme qu’aucune pression extérieure ne modifiera sa ligne politique. Reste à voir si la communauté internationale optera pour l’apaisement ou poursuivra sur la voie de la confrontation. Une chose est certaine : les relations entre le Rwanda et l’Occident entrent dans une phase critique.
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