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Sahara occidental : Après Rachida Dati le président du Sénat français, Paris pousse le bouchon très loin…

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Une provocation manifeste de la part de la France… En tout cas c’est comme ça que le Front Polisario et leur soutien, l’Algérie, prendront la virée du président du Sénat français, Gérard Larcher, au Sahara occidental. En visite officielle dans le royaume depuis le 23 février le responsable est annoncé sur le sol sahraoui ce mardi 25 février. Un déplacement qui fera beaucoup de bruit, au moins autant que le tollé provoqué par la visite de la ministre française de la Culture, Rachida Dati, le 17 février 2025.

Larcher, qui voyage avec une délégation d’élus de la Chambre haute, commencera la journée par une rencontre avec le Premier ministre marocain à Rabat. Puis direction Laâyoune, considéré comme la capitale du Sahara occidental. Rien n’oblige le responsable français à visiter ce territoire qui fait l’objet d’un litige depuis 50 ans entre Rabat et les indépendantistes, mais il insiste…

Il veut souligner “la nouvelle position de la France selon laquelle le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine“. Un tournant acté par le président Emmanuel Macron fin juillet 2024 et martelé lors de sa visite d’Etat au Maroc en octobre dernier. Depuis les choses vont très vite entre Paris et le Maroc, mais également entre la France et l’Algérie mais dans le mauvais sens.

Donc Larcher sait ce qu’il fait en mettant les pieds dans cette ex-colonie espagnole administrée à près de 80% par le Maroc, un contrôle vivement contesté par les indépendantistes du Front Polisario. Par ailleurs cette visite se fait dans une séquence très politique. En effet elle intervient quelques jours après l’attentat de Mulhouse, dont l’auteur, un clandestin algérien de 37 ans, était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), après avoir purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme.

Cette affaire a été copieusement exploitée par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, au motif qu’Alger a “refusé à dix reprises” de réadmettre le meurtrier sur son sol. Retailleau n’est pas le seul à souffler sur les braises, le Premier ministre François Bayrou, la droite et l’extrême droite également. Alors certes Larcher est officiellement à Rabat, à l’invitation de son homologue marocain, “afin de renforcer la coopération interparlementaire et la relation d’amitié“, mais sa venue est aussi une prise de position dans ce contexte géopolitique délétère.  

Quand Mme Dati était venue au Sahara occidental Alger avait jugé la chose “d’une gravité particulière” et “condamnable à plus d’un titre“. Avec Larcher on peut s’attendre à une réaction au moins aussi virulente et Paris le sait, il s’y attend. Le président Macron ne dit plus un mot sur ces dossiers depuis qu’il a commenté publiquement l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal…

Les mots très rudes du chef de l’Etat avaient été très mal encaissés par l’Algérie, donc il se garde d’en rajouter, même après l’attentat de Mulhouse. La droite, l’extrême droite et même une aile de la Macronie le harcèlent pour prendre la parole, pour condamner, frapper (sur les visas par exemple, comme il l’avait fait en novembre 2022), Macron résiste. Que pense-t-il de ces visites au Sahara occidental ?

On peut supposer qu’il les valide, puisque qui ne dit mot consent. Mais on peut penser aussi qu’il redoute que toute déclaration soit mal prise par l’un des deux camps. Donc silence radio face au risque politique, un silence dont il devra sortir inéluctablement. Rappelons qu’en octobre dernier une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, votée par 12 des 15 membres, a invité à une solution “réaliste et mutuellement acceptable” au Sahara occidental.

Les développements sur le terrain ne prennent pas le chemin de cette voie médiane, c’est la radicalité qui prévaut. Pour le Maroc la question est réglée, idem pour la France à en croire sa position officielle et les gros projets qu’elle monte dans ce territoire disputé. Pourtant jusqu’ici le droit international et les Nations unies n’ont pas pris cette voie. Paris a tranché, a fait un choix, ce qui a un coût politique et diplomatique, forcément.

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