Après les paroles les actes… La France entend battre le fer tant qu’il est chaud. Le président Emmanuel Macron n’a pas changé d’un iota les termes de la lettre adressée au roi du Maroc, Mohammed VI, le 30 juillet dernier. Bien au contraire il a martelé devant les députés marocains, qui l’ont chaudement applaudi debout, que le Sahara occidental est et restera sous souveraineté marocaine. On savait avant la visite du chef de l’Etat français que ce territoire très disputé depuis 1975 ferait partie des dossiers prioritaires de Paris, c’est le prix de la réconciliation totale avec Rabat. Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, donne le la.
Dès la semaine prochaine il fera une descente dans les provinces du Sud pour concrétiser le partenariat maroco-français, promis par le président Macron devant les parlementaires du Royaume. L’annonce a été faite par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Nasser Bourita, à Rabat, hier mardi 29 octobre.
L’émissaire français ira sur les lieux pour la toute première fois. Jusqu’ici Paris se gardait de faire mouvement pour ne pas irriter Alger, premier soutien des indépendantistes sahraouis, l’Elysée a décidé d’envoyer valser ces précautions après ce qu’il a considéré comme le refus manifeste d’Alger d'”apaiser les mémoires” avec la France. Paris n’est pas certain de “gagner” l’Algérie, il ne peut pas se permettre de perdre aussi le Maroc, après tout ce qu’il a perdu en Afrique.
Jean-Noël Barrot a répété que «la France entend accroître sa présence consulaire et culturelle dans le Sahara marocain en vue de la création d’un bureau de l’Alliance française» ; il a réitéré l’engagement de Paris «de développer le partenariat maroco-français sur l’ensemble du territoire du Royaume, y compris dans le Sahara». C’est dit.
«Nous avons joint les actes à la parole et j’ai le plaisir de vous annoncer que la carte du Maroc a été actualisée et mise en ligne sur le site du ministère (français) de l’Europe et des Affaires étrangères», s’est enthousiasmé M. Barrot. «Les entreprises françaises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales», a-t-il répété.
A noter que la carte officielle du Maroc englobant le Sahara occidental a été publiée sur le site officiel du Quai d’Orsay dès hier mardi, deuxième jour de la visite d’Etat de Macron. Il le fallait pour que la symbolique de ce voyage soit encore plus forte. Avant ça les manuels scolaires français avaient retouché la carte. «La France, de par son rôle au sein du Conseil de sécurité de l’ONU et sa connaissance de la genèse et de l’évolution de ce conflit, a un rôle important à jouer dans ce cadre», glisse Nasser Bourita.
Reste à gérer les déflagrations de cette affaire. L’Algérie, qui a de puissants réseaux au sein de l’Union africaine et dans le monde, n’a certainement pas dit son dernier mot. Si Alger tient au Sahara occidental au point de rappeler son Ambassadeur à Paris – un départ définitif et son remplacement est renvoyé “sine die” -, imaginez ce que le régime algérien peut faire si la France pousse la provocation jusqu’à aller titiller les Sahraouis sur leur sol.
Au même moment où Macron et le souverain marocain scellaient leurs retrouvailles fastueuses le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait pris son avion pour aller tisser d’autres alliances dans le monde arabe. Il ne pouvait pas rester à Alger pour s’infliger les bruits de la fête chez le voisin marocain. Mais il garde tout ça dans un coin de sa tête. On n’a pas fini d’entendre parler du Sahara occidental…
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