L’Agence française du développement (AFD) a publié récemment une étude, réalisé en collaboration avec le cabinet Bearing Point, sur les industries culturelles et créatives (ICC). L’objectif de cette étude était d’estimer la taille du secteur en termes d’emploi, de revenus et de part du secteur informel, ainsi que d’identifier les principales tendances et besoins de développement des ICC par zone géographique, pays et industrie dans plus de 20 pays des zones d’intervention de l’Agence.
Pour le cas de la Tunisie, les industries culturelles et créatives retenues sont la musique et le cinéma. Avec un indice de confiance élevé, les revenus des ICC en Tunisie sont estimés à 798 millions de dollars, soit environ 2% du PIB. Ces industries assurent 70 mille emplois dont 19,67 mille emplois sont occupés par des femmes et 4,63 mille emplois sont occupés par de jeunes actifs de 15-24.
La valeur des exportations de biens et services culturels est estimée à 363 millions de dollars. Toutefois, le chiffre d’affaires du secteur informel est estimé à 287,6 millions dollars avec 40 mille emplois dans l’informel. L’étude révèle que 25% des revenus du secteur sont perdus à cause du piratage. Il ressort de cette étude que 0,8% des dépenses des ménages tunisiens sont consacrées à la culture.
S’agissant du cinéma, l’étude de l’AFD souligne que ce secteur en Tunisie possède un fort potentiel créatif, marqué par une histoire cinématographique riche et des productions reconnues à l’international. Cependant, il fait face à plusieurs défis, notamment le manque de financement, des infrastructures limitées et un accès restreint aux marchés internationaux. Le marché local est également fragile, avec une fréquentation des salles de cinéma faible et une concurrence du piratage.
De plus, le secteur souffre d’une pénurie de professionnels qualifiés. Malgré ces obstacles, des initiatives comme les Journées Cinématographiques de Carthage et des coproductions régionales offrent des perspectives pour renforcer la visibilité du cinéma tunisien.
Avec des revenus de 8,66 millions de dollars projetés du streaming musical en 2024 et 890 mille utilisateurs projetés du streaming musical d’ici 2027, l’étude souligne que l’industrie musicale tunisienne fait face à des défis majeurs.
Le manque d’infrastructures de diffusion, avec peu de salles de concert modernes et accessibles, limite la visibilité des artistes, tandis que l’absence d’un système de financement structuré rend difficile la production musicale durable.
“Les musiciens dépendent souvent de financements ponctuels ou privés, et la faible protection des droits d’auteur accentue les difficultés économiques du secteur. Ces obstacles freinent le développement de l’industrie, malgré un potentiel artistique reconnu à l’échelle régionale et internationale”, note l’étude de l’AFD.
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