Economie

S&P : Les banques tunisiennes pourraient perdre 7,6 milliards de dollars en cas de défaut de paiement de l’Etat

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Standard & Poor’s vient de publier une note d’évaluation des perspectives des banques tunisiennes en se basant sur l’analyse de trois scénarios pour évaluer comment la Tunisie (non notée par l’agence) pourrait financer son double déficit, et les effets potentiels de ceci sur le système bancaire du pays.

Si le gouvernement tunisien concluait un accord avec le FMI, il obtiendrait d’autres soutiens bilatéraux et mettrait en œuvre des réformes, ce qui permettra retour progressif à la viabilité financière alors que dans le scénario extrême d’un défaut souverain, S&P estime le coût pour le système bancaire à 4,1 milliards de dollars – 7,6 milliards de dollars selon certaines hypothèses, ce qui équivaut à 8,0% – 14,8% du PIB 2023 selon les prévisions du FMI.

Forte exposition des banques au risque souverain

D’après l’agence, les banques tunisiennes naviguent toujours dans une incertitude majeure et une pression macroéconomique importante 12 ans après la révolution. Avec une transaction potentielle avec le FMI imminente, S&P Global Ratings a analysé la situation actuelle et examiné les implications financières et économiques potentielles pour le secteur bancaire selon trois scénarios hypothétiques, allant d’un stress faible à un stress grave. Dans ce dernier cas, elle met à l’épreuve la résilience du système bancaire face à un éventuel défaut souverain.

Selon le FMI, la croissance économique du pays devrait atteindre 1,6% en 2023, tandis que ses déficits budgétaire et extérieur atteindront probablement 13% cumulé du PIB. Le pays se heurte à des obstacles majeurs pour mobiliser des fonds extérieurs et les divisions internes auraient retardé la mobilisation des ressources nécessaires.

Dans ce contexte, l’exposition des banques à l’État reste importante à 83% du total des fonds propres au 31 août 2022 (y compris les prêts directs aux structures publiques), contre 5,1% à fin 2010. Bien que ce chiffre soit inférieur à celui observé dans certains systèmes bancaires homologues, il représente une source majeure de risque étant donné le manque de visibilité sur la façon dont le pays financera son double déficit.

Dans l’ensemble, les calculs de S&P montrent qu’un défaut souverain tunisien pourrait coûter au système bancaire entre 4,1 et 7,6 milliards de dollars, soit 8,0% à 14,8% du PIB nominal prévu à la fin de l’année 2023. Les calculs excluent les effets potentiels d’une forte dépréciation du dinar tunisien qui pourrait alourdir ces coûts.

Scénarios d’analyse

L’agence a analysé trois scénarios hypothétiques pour évaluer leurs effets potentiels sur les banques tunisiennes :

  • Faible stress : Elle suppose que le pays conclut un accord avec le FMI d’ici la fin du premier trimestre 2023 et qu’il met en œuvre avec succès les réformes convenues au préalable. Dans ce scénario, le pays mobiliserait également une aide bilatérale suffisante (des pays du Conseil de coopération du Golfe, entre autres) pour financer ses déficits.
  • Tensions modérées : S&P suppose que le pays conclut un accord avec le FMI, mais la mise en œuvre des réformes reste fragile, ce qui se traduit par un financement mobilisé inférieur à celui requis.
  • Stress grave : Il est supposé que le pays soit incapable de s’entendre sur un programme du FMI et que son incapacité à mobiliser des ressources extérieures entraîne des défauts souverains sur la dette en devises locales et étrangères.

Pour chaque scénario, S&P a essayé de prédire les implications potentielles pour l’environnement macroéconomique et le système bancaire de la Tunisie.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek