Contrainte et forcée d’ouvrir grand ses portes, en dépit de la montée de la droite dure et du populisme. La Suisse, comme beaucoup de pays nantis, est frappée par le vieillissement de sa population et un manque criant de main-d’oeuvre. Et le phénomène va s’accélérer au fil du temps. Berne s’active pour accueillir les talents et bras dont les entreprises et structures ont besoin pour fonctionner. Mais à côté de ça les Helvètes durcissent le cadre réglementaire pour freiner la migration, au point que la Suède a fait du système suisse un modèle. Une schizophrénie bien suisse. Mauvaise nouvelle pour les xénophobes, le pays devra desserrer pour se maintenir à flot.
La Suisse fait face à un vieillissement démographique accéléré, encore plus rapide que ce qu’on croyait. C’est ce qu’indiquent les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS), publiées mardi 15 avril. Les vagues de départs à la retraite vont s’intensifier et la population active va décliner fortement. Avec un taux de natalité relativement faible et une espérance de vie qui a bondi ces dernières décennies il ne peut en être autrement.
Le cocktail est bien connu : allongement de la durée de vie des travailleurs, un gap exponentiel entre les jeunes entrant sur le marché du travail et les départs à la retraite. L’immigration de travailleurs étrangers s’impose. L’OFS a retouché ses prévisions démographiques en y greffant ces facteurs, mais également les contrecoups de la conjoncture mondiale tels que la guerre en Ukraine, laquelle a engendré des mouvements migratoires massifs.
D’après les prévisions du média Economiesuisse et de l’Union patronale suisse (UPS), cette conjonction de facteurs pourrait provoquer une pénurie de 460 000 travailleurs d’ici 2035, un chiffre qui pourrait même gonfler si les tendances démographiques ne varient pas dans le temps.
L’immigration, notamment celle des travailleurs étrangers qualifiés, sera la seule réponse face à cette pénurie. La Suisse fait partie des destinations phares des travailleurs, surtout ceux de l’Union européenne. Le pays doit son attractivité à un marché du travail tonique et à des salaires substantiels. Mais les autres pays européens aussi multiplient les gages pour capter les talents, la Suisse devra en faire davantage pour garder sa position.
Tout ce qui a été fait pour hausser la productivité et maximaliser l’apport de la main-d’œuvre locale n’a pas suffi à fermer la porte de l’immigration. D’après les études même si le pays fait tout ce qu’il peut pour dynamiser l’employabilité de sa population active indigène, l’écart entre les besoins et les ressources disponibles sera difficilement résorbable sans l’accueil de travailleurs étrangers.
Les secteurs de l’industrie, des sciences, de l’ingénierie, de la finance, des technologies de l’information, des soins de santé seront les plus impactés par cette pénurie de main-d’œuvre. La Suisse devra attirer suffisamment de travailleurs dans ces domaines pour garder sa position de numéro 1 dans plusieurs segments industriels. Par ailleurs des secteurs tels que la construction et l’agriculture, fortement dépendants de la main-d’œuvre étrangère, pourraient être paralysés si le volume de travailleurs se tasse.
La politique migratoire devra être maintenue dans ses grandes lignes pour séduire les professionnels étrangers. Le pays devra continuer à garantir des conditions de travail attractives et un environnement économique sain. Reste à régler des problèmes nouveaux en rapport avec l’urbanisation et les infrastructures. Le marché du logement fait partie des priorités pour éviter les déboires du Canada. Il y a aussi la qualité des transports publics…
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