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Surenchère douanière : Trump a déjà perdu sa Guerre, la Chine a déjà gagné

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Une surtaxe de 34%, puis 104%, ensuite 125%, pour finir à 145%. Avec la promesse du président américain de ne pas en rajouter. De toute manière avec ces taux prohibitifs on est déjà au-delà du burlesque, de l’absurde, de la déraison économique, alors un peu plus ou peu moins ça ne change rien. Autant décréter carrément l’embargo. Après ça Donald Trump découvre que payer des téléphones et des ordinateurs plus cher ne dérangera pas outre mesure ses richissimes amis mais les Américains lambda si, alors il tourne casaque et sort les appareils électroniques de la surtaxe. L’impression que ça donne est que le républicain et ses conseillers ne maîtrisent pas leurs dossiers, qu’ils pilotent à vue, improvisent. Le crime suprême quand on est à la tête de la première économie du monde. S’il y en a une qui ne tâtonne pas c’est bien la Chine.

La Chine de 2017-2018 n’a rien à voir avec celle de 2025

Chez Xi Jinping les choses sont carrées, structurées, pensées, planifiées. Ici il n’y a aucune place pour l’approximation, les expérimentations et dérapages incontrôlés, l’amateurisme. Vous me direz aussi que c’est la marque des autocraties, des dictatures. Pékin avait ses problèmes avant les frappes de Trump et incontestablement l’assaut américain fait mal, mais les Chinois que le républicain avaient affrontés en 2017-2018, à coups de droits de douane, n’ont rien à voir avec les combattants de 2025

La Chine, 2e économie de la planète, s’est musclée davantage ces dernières années avec des exportations encore plus florissantes, des excédents commerciaux encore plus conséquents (le président américain n’en dort pas) des réserves en devises encore plus épaisses, une recherche et développement encore plus solide (en brevets elle dépasse les  USA), des fonds d’investissement encore plus costauds et un statut de première usine du monde qui ne s’est érodé en rien.

Ce que ce bras de fer a rappelé aux Américains c’est à quel point ils dépendaient des Chinois, l’inverse est vrai aussi sauf que Pékin ne l’a jamais nié, il n’a pas cherché à renverser la table, bien au contraire il s’est contenté de répliquer aux attaques. Et les ripostes font mal. Trump a suspendu la surtaxe pour le monde entier sauf la Chine, tout en déclarant que cette guerre finira à la table des négociations. Alors pourquoi pas tout de suite pour soulager les ménages et les places boursières américains ?

L’explication est l’égo surdimensionné du président américain, c’est lui qui l’empêche de faire tout de suite ce qu’il fera tôt ou tard. Il n’a tout simplement pas les moyens de faire autrement, il n’a pas les moyens de plonger son pays et le monde dans la récession. Il ne peut pas décider de tout, il n’a que 4 ans devant lui et a déjà cramé les premiers mois. On y ajoute les 90 jours qu’il prendra pour négocier âprement avec 175 pays et territoires autour des droits de douane.

Trump ira à Canossa, n’ira pas…

Qui dit négocier dit forcément concessions, donc clairement Washington devra en faire, sinon ça ne s’appellerait pas négociation. Si Trump était réellement le Maître du monde il n’aurait pas besoin de perdre son temps dans des conciliabules, les annonces de surtaxe auraient suffi à pétrifier le monde entier. Il a frappé, ils ont riposté. Donc le républicain devra aller vers tous ces pays qu’il a piétinés, il devra parler au monde entier en 90 jours. Bon courage !

La Maison-Blanche n’ira pas vers la Chine, en tout cas pas dans l’immédiat, mais les Chinois eux vont vers Washington, avec des vidéos qui font grand bruit sur les réseaux sociaux, surtout sur TikTok, que Trump s’est juré de racheter. «On pensait que les produits venant de Chine n’étaient pas bons, mais ce n’était que de la propagande en fait». C’est le genre de thème qui enflamme la toile…

Cap sur les fournisseurs chinois et les «secrets» des marques de luxe estampillées Chine. Dans ces films qui foisonnent depuis les annonces fracassantes de Trump sur les surtaxes appliquées à la Chine, des internautes chinois font des virées dans des unités de fabrication de produits pour des marques prestigieuses telles que Lululemon, Hermès, Louis Vuitton, Gucci, etc.

«80 % de vos chaussures Adidas et Nike sont fabriquées en Chine et coûtent seulement 15 $ à faire», déclare Lily, une influenceuse qui fait la promotion sur TikTok d’un transitaire. «Ils ajoutent juste un logo aux États-Unis ou en Allemagne et vous font payer entre 5 et 15 fois plus cher».

Des vidéos comme ça il y en a beaucoup et elles sont vues par des millions de personnes à travers le monde. C’est aussi ça la force de l’usine du monde et les Américains ne peuvent pas en dire autant. Les USA, comme la plupart des pays européens, ont enterré la manufacture pour aller dans la haute valeur ajoutée. Une des ambitions de Trump était de pourrir la vie des fabricants pour les obliger à délocaliser et produire sur le sol américain…

Il a oublié qu’il faut au moins 10 ans pour commencer à voir les fruits d’une telle politique. Mais 10 ans le président américain ne les a pas, il a des élections à mi-mandat, qu’il perdra à coup sûr si l’inflation consécutive à ses droits de douane continue de martyriser les foyers américains. C’est aussi ça la dure réalité des démocraties : des élections qu’il faut gagner pour espérer appliquer des bouts de programme. La Chine elle est très loin de ce stress. C’est en soi une faiblesse mais aussi une force dans cette tempête mondiale.

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