A la une

Syrie : Au moins 745 civils exécutés et le pouvoir appelle ça un “succès”, al-Charaa sur les pas d’al-Assad…

Partager

Officiellement la sanglante opération militaire dans l’ouest de la Syrie est terminée, un “succès“, a clamé ce mardi 10 mars le ministère de la Défense. Comme si on pouvait qualifier de “succès” 745 civils décimés dont des femmes et des enfants, 125 membres des forces de sécurité et 148 combattants pro-Assad tombés dans les affrontements. Ces chiffres macabres ont été livrés par l’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’Homme), une organisation domiciliée au Royaume-Uni…

Au moins 745 civils tués, souvent dans des exécutions sommaires, 148 “rebelles” abattus pour 125 militaires tués, qui peut raisonnablement appeler ça un “succès” ? Autant de civils massacrés au nom de je ne sais quelle cause c’est ça la promesse d’unité et de cohésion nationales prônées par les nouveaux maîtres de la Syrie, avec à leur tête l’ex-chef djihadiste Ahmed Hussein al-Charaa ?

Ce sont les violences les plus graves et les plus problématiques depuis que la rébellion islamiste a abattu le régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier. L’armée régulière était justement partie pour mater les dernières poches de résistance dans les bastions alaouites, la minorité qui a régné sans partage durant 53 ans. L’opération a été déclenchée par un carnage perpétré par les partisans du régime déchu sur les forces de sécurité, le 6 mars 2025 dans la région de Lattaquié.

Manifestement les choses ont dérapé et les militaires dépêchés sur les lieux, des ex-djihadistes sunnites (alors que les Alaouites sont d’obédience chiite), ont perdu leur sang froid. Alors on ne sait pas si certains groupes ont désobéi aux ordres et ont été mus par des désirs de vengeance, ce qu’on sait c’est que 745 civils tués c’est à tout le moins une purge, un crime contre l’humanité. Rien ne peut le justifier.

Pourtant le porte-parole du ministère de la Défense, Hassan Abdel Ghani, cité par l’agence officielle Sana, martèle :  “Nous annonçons la fin de l’opération militaire (…) après le succès de nos forces pour atteindre tous les objectifs fixés“. Il a ajouté que les forces de sécurité sont parvenues à “contenir les attaques contre ce qui reste du régime déchu“, “les éloigner des centres vitaux et sécuriser les principales routes“…

Vraisemblablement les autorités considèrent que les 745 civils occis sont un dégât collatéral sur la route des “objectifs fixés“. Pourtant ce n’est pas ce qu’a déclaré le président par intérim dans une mosquée de Damas, après le tollé à l’international provoqué par le massacre et après que les chancelleries occidentales ont exigé des enquêtes indépendantes pour faire toute la lumière sur ces horreurs.

Ahmed al-Charaa a promis de traquer et juger tous les coupables, il a appelé à l’unité et déclaré qu’il est tout à fait possible de parvenir à une coexistence pacifique entre tous les Syriens. Qu’il aille le dire aux survivants des pogroms, à ceux dont les frères, soeurs, pères, mères, amis et proches ont été massacrés. Le pouvoir en place est en train de répéter les mêmes erreurs tragiques qu’al-Assad : Des crimes qui appelleront d’autres crimes, dans un cycle sans fin.

Comment le président al-Charaa fera face à ses hommes pour qu’ils rendent des comptes sans risquer de fragiliser son frêle pouvoir dans un pays éclaté ? On vous disait en janvier dernier qu’il aura le plus grand mal à tenir et discipliner des troupes qui n’ont connu que la guerre et la violence armée, le président provisoire a raté son premier test…

 

Laissez un commentaire