Une débandade, une de plus. Ça ne soignera pas la réputation du président Donald Trump, mais il n’en a cure, à ce stade ce qui compte c’est de sauver les meubles face à l’incendie qui file droit vers la Maison-Blanche. Face à des difficultés économiques terribles que ses “brillants” conseillers n’avaient pas anticipé le président américain enchaîne les revirements à 360 degrés, les reniements, les reculades, les retraites en rase campagne. Tout cela n’est pas très glorieux mais il y aura bien pire. Après avoir flanché sur les droits de douane, sous la pression des places boursières – Trump appelle ça une pause de 90 jours le temps de négocier avec 175 pays -, après avoir fléchi sur les appareils électroniques et les semi-conducteurs, le républicain ébruite lui-même sa prochaine déroute.
C’est à croire qu’il n’a jamais été dans le milieu des affaires !
Les droits de douane sur l’automobile… C’est sur ce gros morceau que le président américain pourrait tourner casaque très prochainement. Calé sur le fauteuil du célébrissime Bureau ovale il a dit qu’il ne veut «faire de mal» à aucun constructeur. «Je suis en train de réfléchir à un moyen d’aider les constructeurs. Ils passent à des pièces fabriquées au Canada, au Mexique et ailleurs, et ils ont besoin d’un peu de temps, parce qu’ils vont les fabriquer ici», a lancé Trump…
C’est maintenant que l’homme le plus puissant du monde découvre tout ça. C’est à croire qu’il n’a jamais été dans l’univers des affaires. Certes il est sur d’autres terrains, mais il y a des choses élémentaires qu’il aurait dû savoir. Pourtant il y a quelques semaines il disait à qui voulait l’entendre qu’il se «fichait» que les tarifs des voitures flambent, ce qui compte c’est son but ultime : obliger les Américains à consommer local pour s’éviter un surcoût causé par la taxe douanière. A l’arrivé la surtaxe frappe quand même.
Depuis le 3 avril un droit de douane de 25% sévit sur toutes les importations de véhicules aux USA. Le 3 mai prochain il frappera les pièces détachées de l’industrie. Mais voilà, dans ce secteur automobile ultra-mondialisé les pièces traversent plusieurs fois les frontières, notamment entre le Mexique, le Canada et les États-Unis. Ce manège avait, semble-t-il, échappé à la sagacité de Monsieur Trump. Alors John Elkann, président exécutif de Stellantis (Chrysler, Jeep, Peugeot, Citroën…), a expliqué ça au républicain…
Pour certains modèles de Stellantis ou General Motors (GM), les composants peuvent entrer et sortir plusieurs fois du territoire américain. Ce qui explique que certaines usines canadiennes de Stellantis gèlent leurs activités, avec à la clé le chômage partiel de 900 employés américains. Et ça forcément ça parle à Trump, surtout quand son parti doit affronter des élections à mi-mandat qui pourraient être fatales à beaucoup d’élus républicains.
Sur les 16,1 millions de véhicules commercialisés en 2024 aux USA quelque 6,3 millions ont été importés, majoritairement du Mexique et du Canada. Trump veut imposer une relocalisation industrielle, sauf que l’affaire peut prendre 2 à 3 ans. Les patrons ne sont pas emballés par des opérations qui auraient des coûts conséquents, en plus des coûts de production (des matières premières qu’il faudra de toute façon importer, des salaires plus gros…). Là aussi Trump et ses conseillers ont manqué de lucidité.
Le marché chinois dépassera bientôt les USA et l’Europe réunis
Les fabricants américains sont les premières victimes des droits de douane qui assomment le monde. D’après une récente étude du Center for Automotive Research, le coût global pour l’industrie automobile américaine pourrait monter à 108 milliards de dollars. Les ténors de Detroit – Ford, GM et Stellantis – seraient particulièrement impactés, avec une ardoise astronomique de près de 42 milliards de dollars…
En conséquence les prix des voitures neuves pourraient hausser de 2500 à 15 000 dollars aux États-Unis, d’après le cabinet Kearney. Une flambée qui ferait fuir 2,5 à 3 millions de clients, selon Bank of America. La production automobile pourrait piquer du nez cette année, -8% en Amérique du Nord d’après les analystes d’UBS.
Il a suffi de lâcher le bruit sur l’annulation de la surtaxe sur l’automobile pour que les actions en Bourse des constructeurs et équipementiers atteignent des sommets hier mardi. Tesla et Ford n’ont pas souffert du tour de vis sur les taxes vu que leur production est principalement locale, mais pour Stellantis, GM, les fabricants allemands et asiatiques les échos de la Maison-Blanche ont été salvateurs.
On n’a aucune précision sur le prochain revirement de Trump, ce qu’on sait c’est que Washington sera obligé de changer de braquet car la Chine sera bientôt, pour la toute première fois, le marché automobile le plus florissant du monde, encore plus que les États-Unis et l’Europe réunis. C’est John Elkann qui l’a dit hier, lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires de Stellantis à Amsterdam…
«En Europe et aux États-Unis, les choix politiques et réglementaires ont mis notre industrie sous une pression extrême, tandis que la Chine suit une autre trajectoire», a-t-il ajouté, des propos aux allures d’alerte. Et ils sont très certainement arrivés aux oreilles de Trump.
Si les géants chinois ont pu laminer les fabricants européens que dire des américains, très en-dessous en tout. En 2024 les résultats financiers de BYD ont écrasé ceux du ténor américain Tesla. C’est une indication très claire sur ce que sera le futur de l’automobile, que Trump se réveille ou pas.
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