Enseignement

Trump, les visas et la peur : la fuite des cerveaux chinois s’accélère

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Les objectifs d’études aux États-Unis s’éloignent pour de nombreux étudiants chinois. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les mesures restrictives sur les visas et les coupes budgétaires dans les universités ont précipité un exode des talents vers d’autres pays.

Une décision qui pèse lourdement sur l’image éducative des États-Unis et sur leur leadership scientifique.

Coup dur pour les candidats au doctorat

Yao, étudiante en biologie de 25 ans, en a fait les frais : son admission au doctorat a été suspendue en raison d’un manque de financements. Comme elle, de nombreux étudiants chinois vivent un véritable désenchantement. Les tensions commerciales entre Washington et Pékin et la stigmatisation croissante des ressortissants chinois compliquent davantage la situation.

Selon l’ONG américaine Open Doors, les étudiants chinois représentaient en 2023 une manne économique de 14,3 milliards de dollars pour les universités américaines. Mais depuis un an, ce sont les Indiens qui occupent désormais la première place des effectifs étrangers.

Sécurité nationale et soupçons d’espionnage

Le climat s’est encore durci après la suppression de plus de 4 700 dossiers d’étudiants chinois de la base de données migratoire américaine. Parmi les 327 cas de révocations de visas recensés par l’American Immigration Lawyers Association, 14 % concernaient des Chinois.

Un rapport de la commission spéciale de la Chambre des représentants sur la Chine a même qualifié le système de visas d’étudiants de « cheval de Troie pour Pékin ». Une proposition de loi visant à bloquer l’accès aux visas pour les étudiants chinois a été introduite par des élus républicains.

Pékin riposte, les alternatives se multiplient

Face à cette rhétorique, Pékin a dénoncé une utilisation abusive du prétexte sécuritaire. De son côté, l’ONG Committee of 100, composée d’Américains d’origine chinoise, estime que ces mesures affaiblissent les valeurs américaines et menacent la position dominante des États-Unis en matière d’innovation.

La désaffection se fait déjà sentir. Les recherches en ligne pour des programmes doctoraux aux États-Unis ont chuté de 12 %, selon Keystone Education Group. L’imposition de tarifs douaniers de 145 % sur les produits chinois aggrave encore l’incertitude économique et réduit le pouvoir d’achat des familles chinoises.

Vers d’autres horizons

Les universités européennes, comme Bocconi en Italie, constatent un regain d’intérêt. Les établissements chinois, quant à eux, bénéficient d’une hausse de notoriété et de moyens accrus, attirant de plus en plus de candidats restés sur place.

Certains étudiants, comme Li, après plusieurs années passées à New York, choisissent de poursuivre leurs études et travailler à Hong Kong, préférant renoncer à un long parcours vers la carte verte américaine.

En fermant ses portes aux talents étrangers, l’Amérique prend le risque de fragiliser un de ses principaux atouts : l’attractivité de son système universitaire.

Alors que les tensions sino-américaines se poursuivent, le rêve américain semble devenir une illusion , pour une partie de la jeunesse chinoise, appartenir désormais au passé.

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