Economie

Trump relance une guerre commerciale mondiale sans précédent depuis les années 1930

Trump relance une guerre commerciale mondiale sans précédent depuis les années 1930

Une guerre commerciale mondiale aux conséquences durables

La scène économique mondiale connaît un retour spectaculaire du protectionnisme, ravivé par la politique commerciale agressive de l’ancien président américain Donald Trump.

Ce dernier, fidèle à sa ligne nationaliste, a déclenché une vague de hausses tarifaires qui n’a cessé de croître depuis le début de son mandat, créant une spirale de représailles entre grandes puissances économiques.

Selon l’analyse de Jason Douglas et Tom Fairless publiée dans le Wall Street Journal, cette dynamique évoque les dérives isolationnistes des années 1930.

Des mesures protectionnistes en cascade

Avant même Trump, plusieurs pays avaient commencé à ériger des barrières douanières, principalement à l’égard des importations chinoises. Mais l’arrivée de l’administration Trump a accéléré cette tendance. Le président américain a imposé des droits de douane de 25 % sur le Mexique et le Canada, et 20 % sur la Chine, entraînant en retour des mesures ciblant des produits américains comme le soja. L’Union européenne a également riposté, annonçant des droits de douane de 50 % sur le whisky américain et les motos, applicables à partir d’avril 2025.

Selon Global Trade Alert, les restrictions commerciales au sein du G20 ont augmenté de 75 % depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, et plus de 90 % des produits américains sont aujourd’hui soumis à des mesures restrictives à l’importation.

Un parallèle avec le protectionnisme des années 1930

Le retour au protectionnisme fait écho à la politique du Smoot-Hawley Tariff Act, promulguée en 1930 pour protéger les agriculteurs et industriels américains. Cette loi avait fait grimper les droits de douane à environ 20 %, aggravant la Grande Dépression en provoquant des représailles mondiales.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les efforts multilatéraux comme le GATT (1947) puis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995 avaient permis de ramener les droits de douane à 3 % en moyenne entre grandes économies. Mais cette dynamique d’ouverture semble désormais compromise.

Les dommages collatéraux d’une guerre commerciale

Les effets économiques se font déjà sentir. Aux États-Unis, les tensions commerciales ont provoqué une baisse de la confiance des consommateurs, un ralentissement des investissements privés et une volatilité accrue sur les marchés financiers. En Europe, des entreprises comme BMW prévoient jusqu’à 1 milliard d’euros de pertes liées aux droits de douane.

Fitch Ratings anticipe un ralentissement de la croissance mondiale à 2,4 % en 2025, en raison des incertitudes liées aux conflits commerciaux.

Montée du nationalisme économique et affaiblissement de l’OMC

Dans un contexte de tensions géopolitiques – notamment avec la guerre en Ukraine – et de rivalité croissante avec la Chine, les États renforcent leurs politiques industrielles. L’administration Trump, tout comme celle de Joe Biden, cible la relocalisation des chaînes de valeur, notamment dans les secteurs des semi-conducteurs et des véhicules électriques.

Parallèlement, l’OMC perd en efficacité, freinée par le blocage américain de la nomination des juges à la cour d’appel depuis 2019. Bien que la directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala continue de prôner le dialogue, les instruments multilatéraux de règlement des différends sont de plus en plus contournés.

Un recul du libre-échange difficilement réversible

Les analystes soulignent que toute suppression de tarifs douaniers devient un levier politique dans les négociations internationales. Selon Douglas Irwin, professeur à Dartmouth et spécialiste de l’histoire commerciale américaine, chaque droit de douane devient une monnaie d’échange, rendant tout retour en arrière complexe.

Alors que les États poursuivent des objectifs de souveraineté industrielle, de sécurité économique et de réarmement militaire, les perspectives d’un retour à une mondialisation fluide apparaissent de plus en plus éloignées.

Vers un monde plus fragmenté économiquement ?

La stratégie commerciale de Donald Trump, marquée par des hausses tarifaires généralisées, semble avoir ouvert une nouvelle ère de confrontation économique.

Si certains y voient un levier de réindustrialisation, les signaux économiques globaux révèlent un coût élevé pour la croissance, la coopération internationale et la stabilité des marchés.

Face à des équilibres de plus en plus précaires, le protectionnisme semble avoir quitté le rang des exceptions pour redevenir une norme.

 
 
 

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