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Trumpé par le silence : Aymeric Caron dénonce le génocide à Gaza et la passivité de la France

Trumpé par le silence : Aymeric Caron dénonce le génocide à Gaza et la passivité de la France

Une scène d’une rare intensité s’est déroulée mardi 8 avril 2025 dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale française. Le député Aymeric Caron (LFI) a pris la parole pour dénoncer ce qu’il a qualifié de « génocide en cours » à Gaza, mettant en lumière l’ampleur tragique des pertes humaines, notamment parmi les enfants.

À la tribune, l’élu de Paris a livré un discours saisissant : « Gaza est en train de devenir un camp de concentration. Jamais dans l’histoire récente, des enfants n’ont été massacrés en si grand nombre avec un tel sadisme ». Brandissant une affiche du visage de Bisan al-Hindi, une fillette tuée dans son sommeil par un bombardement israélien, Caron a interpellé l’Assemblée : « Regardez ce visage. Ce sont les visages de notre mauvaise conscience ».

Des mots forts face à une présidence inflexible

Ce cri de colère a aussitôt été interrompu. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, lui a coupé le micro en raison du règlement interdisant tout affichage en séance. Un règlement appliqué avec rigueur, malgré le contexte humanitaire alarmant évoqué.

Pour rappel, Braun-Pivet, ouvertement favorable à Israël, avait arboré quelques mois plus tôt un pin’s aux couleurs de l’État hébreu pour marquer sa solidarité, sans que cela ne suscite de sanction. Elle a par la suite menacé de sanctions les députés ayant participé à ce happening, promettant que « le Bureau de l’Assemblée se réunira pour en discuter ».

Le silence français sous le feu des critiques

Caron n’a pas mâché ses mots : « Des enfants palestiniens sont brûlés, écrasés, démembrés, décapités, abattus d’une balle dans la tête, amputés sans anesthésie, emprisonnés ». Il a qualifié de « complices » tous ceux qui soutiennent Israël ou reçoivent ses représentants à Paris, accusant l’État français de couvrir des crimes de guerre.

La réaction du gouvernement n’a pas tardé. Benjamin Haddad, ministre délégué à l’Europe et aux Affaires étrangères, a évoqué des « outrances » et des « caricatures ». Il a rappelé que le président Macron était en Égypte « pour appeler à un cessez-le-feu permanent ».

Mais les critiques fusent : où est la cohérence lorsque la France reçoit les ministres israéliens mais se refuse à reconnaître l’ampleur des crimes commis à Gaza ?

Une Assemblée divisée, un peuple ignoré

Des députés de gauche, notamment Mathilde Panot (LFI) et Benjamin Lucas-Lundy (Écologistes), ont exprimé leur soutien à Caron. « Ce qui est choquant, ce n’est pas de brandir des portraits d’enfants souriants, mais de laisser des enfants se faire massacrer », a martelé Panot.

Elle a aussi regretté qu’aucune minute de silence n’ait été observée en dix-huit mois pour les victimes palestiniennes. Un silence assourdissant, révélateur de l’indifférence politique face à ce que Caron décrit comme un « génocide que l’on regarde sans broncher ».

Une sortie controversée, un malaise persistant

Au-delà des débats de procédure, cet épisode soulève une question morale : comment une démocratie peut-elle tolérer la répression de la parole au nom du protocole, lorsqu’elle vise à défendre les droits les plus fondamentaux — ceux des enfants ?

Enfin, un fait troublant interroge l’opinion publique : comment la présidente de l’Assemblée nationale peut-elle invoquer le respect du règlement pour censurer un acte de solidarité, tout en affichant un soutien explicite à un État accusé de violations massives des droits humains ?

Alors que la guerre continue à Gaza, que les cadavres d’enfants s’amoncellent, la France — patrie des droits de l’homme — semble avoir perdu sa voix… ou choisi de détourner le regard.

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