Tunisie – 9 avril : un jour férié pour ne jamais oublier les martyrs de 1938

Le 9 avril 1938 marque une manifestation nationale majeure à Tunis organisée par le Néo-Destour, le principal parti nationaliste tunisien à l’époque, pour revendiquer un Parlement tunisien, un pas décisif vers l’indépendance.

Cette date est considérée comme l’un des tournants majeurs du mouvement national tunisien contre la colonisation française (établie depuis 1881).Qui étaient les leaders du mouvement ?

Parmi les figures de proue de cette mobilisation, on trouve :

• Habib Bourguiba, futur président de la République tunisienne, alors jeune avocat et l’un des fondateurs du Néo-Destour.

• Tahar Sfar, militant nationaliste et cofondateur du parti.

• Bahri Guiga, avocat et militant.

• M’hamed Bourguiba (frère de Habib Bourguiba).

• Et plusieurs autres membres influents du Néo-Destour qui ont organisé et galvanisé les foules, en particulier à Tunis, Kairouan, Sfax, et Gabès.

Quelle a été la réaction des autorités coloniales françaises ?

La répression fut violente et sanglante. Les autorités françaises, redoutant un soulèvement plus large, ont ordonné l’ouverture du feu sur les manifestants :

• Les manifestations ont été violemment dispersées.

• La Garde française a tiré à balles réelles sur la foule.

• De nombreux militants ont été arrêtés, dont Habib Bourguiba, Tahar Sfar, Bahri Guiga et M’hamed Bourguiba, qui seront jugés par le tribunal militaire de Sfax.

Bilan humain : martyrs et blessés

Les chiffres varient selon les sources, mais les estimations les plus courantes font état de :

• 22 martyrs

• Plus de 150 blessés

• Des centaines d’arrestations

Les victimes sont appelées les “martyrs du 9 avril” et sont devenues des symboles de la résistance nationale.

Conséquences politiques

• Cet événement a radicalisé davantage le mouvement national, qui jusque-là prônait une autonomie progressive. La répression brutale a convaincu de nombreux Tunisiens que seule l’indépendance totale mettrait fin à l’oppression.

• Le 9 avril est devenu un symbole fondateur du nationalisme tunisien.

• Après l’indépendance (obtenue en 1956), la République tunisienne a décrété le 9 avril comme jour férié national, appelé “Journée des martyrs”, pour honorer ceux qui ont donné leur vie pour la liberté.

Chaque année, les autorités tunisiennes organisent une cérémonie officielle au Carré des martyrs au cimetière du Jellaz à Tunis, en présence des représentants de l’État, pour rendre hommage aux martyrs du 9 avril 1938.