Il paraît que la question de l’aide sociale retrouve peu à peu son chemin, dégâts du Covid-19 obligent, notamment après la distribution de 200 dinars (50% du SMIG) pour les familles considérées comme démunies pour faire face aux conséquences de la pandémie.
Le ministre de l’Equipement a eu l’idée de s’investir lui aussi en matière d’aide sociale et s’est lancé pour dépoussiérer le dossier des logements sociaux. Un dossier totalement oublié durant des années, après une certaine effervescence du temps de la Troïka : projet d’importation de maisons en bois préfabriqués de Turquie, listes d’attente interminables, annulation pure et simple du projet de construction des habitats sociaux faute de financements, etc.
Rebondissement du projet
Lors d’une réunion tenue jeudi 5 mars 2020, le ministre de l’Equipement, Moncef Sliti a exhorté les responsables du programme des logements sociaux à accélérer l’attribution de ces habitations aux citoyens concernés.
Signalons que le coût des 13.500 logements sociaux prévus est estimé à 900 millions de dinars et que 8.400 logements ont été achevés dont 1.613 prêts à être attribués. 5.100 logements seront bâtis en fin de l’année en cours.
Les demandes déposées et relatives aux logements sociaux sont au nombre de 234 mille.
Les « démarches » se poursuivent…
Mardi 5 mai courant, la 25eme réunion a été tenue par le comité de pilotage national du programme spécifique des logements sociaux, après trois années de stand-by, selon le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire.
Sous la présidence du ministre Moncef Sliti, le comité de pilotage a approuvé des montants de subventions et de dettes accordés aux bénéficiaires de 32 logements sociaux à Teboursouk (gouvernorat de Béja), pour permettre l’achèvement des procédures avec le gouvernorat et la Société Nationale Immobilière de Tunisie (SNIT) et la livraison de ces domiciles aux bénéficiaires.
Après l’examen les listes des bénéficiaires approuvées par les commissions régionales des logements sociaux dans le gouvernorat de Kairouan, un lot de logement est au programme avec 331 unités à la cité El Manar, 72 à Sbikha, 48 à Oueslatia et 87 logements à Ghardimaou (gouvernorat de Jendouba).
Le ministre a souligné la nécessité d’accélérer les procédures d’octroi des différentes habitations et des lotissements préparés estimés à 2000 unités, appelant les différents intervenants à fixer et à diffuser les listes de bénéficiaires après la fin de la crise sanitaire que vit le pays actuellement.
Toutefois, selon une étude élaborée à l’université de Sfax et intitulée, « Quel avenir pour le logement social en Tunisie ? », l’habitat social en Tunisie est confronté à de nombreux défis en matière de production et de gestion. Sur un plan quantitatif, la demande en logements sociaux se chiffre à 35.000 par an et dépasse de loin l’offre située à 10.000 annuellement dont 1.500 réalisés par les promoteurs immobiliers publics.
Les besoins sont estimés à 100.000 logements sociaux qu’il convient de combler dans les 6 ou 7 prochaines années. En plus de la pénurie, la plupart des politiques adoptées se caractérisent par l’inadéquation entre l’offre et la demande.
La faible part des logements attribuée aux populations à bas revenus hormis quelques initiatives, les gouvernements successifs n’ont pas conçu une offre accessible aux ménages à bas revenus.
Vu que l’annonce de la reprise du « grand » projet d’habitat coïncide avec un climat social délicat que vit le pays et le nombre dérisoire des domiciles mis à la disposition, cette annonce ne peut que se situer dans le contexte du surf permanent sur la crise du Covid-19 loin de toute considération objective et réaliste des besoins croissants en de larges franges de tunisiennes vivant en extrême détresse matérielle et sociale, au sens large du terme…
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