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Tunisie – Docteurs chômeurs : Tout le monde ment à tout le monde !

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Le mouvement protestataire des docteurs chômeurs depuis deux mois revendiquant des emplois dans le secteur public, planque parfaite pour la majorité des chercheurs d’emploi en Tunisie, commence à tourner à l’agitation sans fin: des jeunes qui occupent l’entrée du ministère de l’Enseignement transformé en « camping » de fortune, bagarres entre les docteurs et les fonctionnaires du ministère, mise en place d’un dispositif lourd et contraignant pour sécuriser les lieux, etc.

Le problème du chômage des docteurs et des docteurs chercheurs remonte à environ deux décennies. Il concerne selon la coordination des docteurs et doctorants de l’université de Tunis 5 mille diplômés contre 3300 en 2017 ce qui représente 69% de l’effectif au pays.

La grande erreur stratégique qui a mené à ce problème consiste, au conditionnement de la majorité des doctorants à ne travailler qu’auprès de l’Etat, en l’occurrence en tant qu’enseignants. Or, un docteur est supposé avoir été sélectionné pour son sens de l’innovation afin de pouvoir trouver des embauches, notamment dans l’entrepreunariat, bien que ce chemin ne soit pas facile.

En Tunisie, s’inscrire en thèse n’est autre qu’une alternative au chômage, surtout pour certaines spécialités. Par ailleurs, si tout projet de thèse était lié à un objectif économique, l’effectif actuel des docteurs serait un atout.

Plusieurs autres problèmes se posent et concernent essentiellement l’absence de synergie entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise, la redondance des sujets des thèses et la faible valeur ajoutée de la recherche scientifique au pays.

Tout de même, il faut bien reconnaître que la situation des docteurs chômeurs est dramatique et leurs perspectives sont à juste titre très inquiétantes. La plupart d’entre eux sont arrivés à un âge relativement avancé, n’ont pas de situation professionnelle stable et vivent dans la précarité.

Tout le système éducatif doit être mis en cause si les « politiques » ont aussi bien la volonté et la compétence de le faire.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek