Les observateurs de la scène politique ont pu constater un virage à 180° quant aux positions du Courant Démocrate, ancien allié du président de la République Kais Saied, par rapport aux décisions prises dernièrement par ce dernier et notamment celle relative à la suspension des travaux du Parlement.
Cela apparaît clairement dans les communiqués du parti, y compris celui datant du 15 Aoùt 2021 appelant à la reprise des travaux parlementaires après la sanction des partis coupables d’infractions électorales.
Une demande qui a été dans un premier temps formulée subtilement par les dirigeants du parti, notamment Samia Abbou, jusqu’à ce que le président du Conseil national du Parti Majdi Ben Ghazala appelle explicitement à l’application des dispositions de l’article 163 de la Loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014, relative aux élections et référendums.
Ce dernier a même fait part du refus catégorique du parti de renoncer au régime Parlementaire.
Les dispositions de l’article 163
Conformément aux dispositions de l’article 163 de la loi précitée, en plus des sanctions pénales qui leurs seront infligées les membres de la liste ayant bénéficié du financement étranger perdent la qualité de membre de l’Assemblée des Représentants du Peuple.
D’après la professeure de droit constitutionnel Hana Ben Abda, si les charges contre Ennahdha, Qalb Tounes et Aiich Tounsi sont retenues, les listes concernées seront automatiquement annulées mais l’assemblée des Représentants du peuple (ARP) ne sera pas pour autant dissoute.
En effet, un recomptage des voix sera fait afin que les candidats des listes arrivées en deuxième position dans les circonscriptions électorales concernées prennent la place des députés révoqués.
Un nouveau paysage parlementaire
Sans entrer dans des labyrinthes idéologiques, il semble que d’un point de vue pragmatique, le Courant Démocrate a tout à gagner si le parlement reprend ses activités. En effet, si on se réfère aux résultats des élections de 2019 tels que publiés par l’ISIE, dans bon nombre de circonscriptions électorales le Courant Démocrate arrive juste après Ennahdha ou Qalb Tounes.
Il est donc fort probable que le Courant Démocrate se trouve en pôle position si un recomptage des voix est fait (cela dépend bien sûr des listes concernées par le financement étranger). En effet, ensembles Ennahdha et Qalb Tounes comptent 81 députés soit plus du tiers du Parlement.
Au même titre, le Courant Démocrate n’aura plus besoin de s’allier avec le parti Echâab pour constituer un bloc parlementaire de poids et par là même d’être contraint de faire des concessions.
Il aura certainement son mot à dire (et ce n’est qu’un euphémisme) lors de la composition du gouvernement qui succédera à celui de Hichem Mechichi et contrôlerait à la fois le pouvoir législatif et exécutif.
Reste à savoir si les acteurs de la scène politique et en particulier le président de la République laisseront les rêves du Courant Démocrate devenir réalité. En tout cas, il semble que le parti soit plus déterminé que jamais à gagner une place qu’il estime mériter.
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