Le Forum Tunisien des Droits Economiques & Sociaux (FTDES) vient de publier un rapport intitulé « le secteur informel en Tunisie : autorité de l’Etat ou autorité de l’informel ? ». Nous continuons à publier les principaux axes de réflexion de ce travail.
Les activités informelles sont diverses et très hétérogènes : des simples activités de subsistance, d’un ramasseur de bouteilles en plastique à une entreprise individuelle performante et en croissance continue, l’éventail des activités est très large, indique le rapport. Les décideurs de la politique économique n’arrivent pas à cerner la réalité multiforme du secteur informel ; de plus, ils sont confrontés à l’indisponibilité de données statistiques fiables (enquêtes sectorielles).
Selon le FTDES, pour tenter de cerner, tant bien que mal, le secteur informel les décideurs de la politique économique doivent combiner trois types d’analyse : l’analyse macro-économique, l’analyse micro-économique et l’analyse régionale. C’est pourquoi ces décideurs doivent se soumettre à l’impératif de la mise en place d’un dispositif de mesure continu et permanent pour analyser, qualifier et quantifier les différentes activités informelles qui par essence sont dynamiques, volatiles, mobiles aussi bien géographiquement que sectoriellement. La mise en place d’un tel dispositif est un préalable à l’élaboration d’une politique publique pertinente et efficace.
Pour ce qui est du secteur informel et le modèle de développement, on note que la toile de fond du déclenchement de la révolution 2011 étant la défaillance du modèle de développement dont les conséquences sont les déséquilibres régionaux prononcés, la pauvreté, le chômage, la corruption devenue comme système ; de ce fait le secteur informel est devenu comme l’unique moyen de survie des exclus de ce modèle de développement.
Le secteur informel et la contrebande demeurent et demeureront longtemps encore comme des casse-têtes aussi bien pour la théorie économique que pour les autorités des pays en développement surtout ceux dont les gouvernements sont faibles ou fragilisés par des révolutions et des mécontentements sociaux à cause du chômage et de la pauvreté. Après la révolution de 2011, la Tunisie a vu la part du secteur informel passer de 30% à 53 % du PIB.
Au-delà de ces considérations théoriques que l’on peut longuement développer et qu’on a volontairement évité de le faire. Bien au contraire, nous devons être focalisés sur le cas tunisien, l’observation de la réalité du terrain avec les différentes dimensions qu’a pris le secteur informel surtout durant les neuf dernières années de la post-révolution, souligne-t-on.
Depuis 2011, et d’une manière générale, les observateurs économiques tunisiens ont tendance à n’assimiler à l’informalité que le commerce transfrontalier (contrebande) avec ses effets sur la fraude fiscale et son lien avec le terrorisme : une erreur, car comme on l’examinera, le secteur informel présente plusieurs facettes.
Au volet des principales lois du secteur informel, le rapport du forum cite quatre lois.
Une des premières lois de comportement du secteur informel c’est sa relation inverse avec le secteur formel (secteur structuré), c’est-à-dire tous les économistes ont constaté qu’il se développe quand le secteur structuré est en crise, inversement quand ce dernier est en croissance, l’informel se rétrécit et son importance dans l’économie diminue puisque le secteur structuré recrute une population active qui a acquis une certaine expérience dans l’informel.
La deuxième loi de l’informel c’est sa corrélation plus ou moins forte avec le niveau de pauvreté dans le pays. Ainsi dans les pays développés la part l’informel dans le PIB est faible et est très rarement supérieure à 10 % (cas de l’Italie) alors qu’elle peut atteindre 50 à 60% dans certains pays de l’Afrique subsaharienne.
La troisième loi relevée est que les unités de productions informelles ont un faible capital matériel et humain. (voir notre définition).
La quatrième loi observée est que les salaires –autres que les revenus des propriétaires de l’unité informelle- gravitent autour du SMIG.
Mise à part ces lois générales observées dans plusieurs pays en développement, comment peut-on définir le secteur informel dont les appellations sont nombreuses.
A suivre.
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