Le gouvernement tunisien met en place une stratégie de relance du secteur du phosphate avec des objectifs ambitieux pour la période 2025-2030. Lors d’un conseil ministériel restreint tenu le 5 mars 2025 au palais du gouvernement à La Kasbah, le chef du gouvernement, Kamel Madouri, a insisté sur l’importance stratégique du phosphate pour l’économie nationale et la nécessité d’améliorer la gouvernance de ce secteur clé.
Le phosphate représente en effet un pilier essentiel du développement économique de la Tunisie, ayant un impact direct sur les exportations et la balance commerciale du pays. L’objectif principal de ce programme est d’augmenter la production annuelle à 14 millions de tonnes à l’horizon 2030, contre des niveaux actuels nettement en deçà des capacités du pays.
Un plan de modernisation pour stimuler la production
Afin d’atteindre ces objectifs, le plan prévoit une série de mesures visant à optimiser l’extraction, la transformation et le transport du phosphate. Parmi les principaux axes stratégiques :
- Mise à niveau des infrastructures : rénovation des équipements de production et des moyens de transport.
- Construction de nouvelles unités industrielles : création d’installations de transformation avancée à Gabès et Mdhilla.
- Investissement dans des solutions technologiques : intégration de techniques modernes pour maximiser le rendement.
- Développement de nouveaux marchés à l’export : diversification des partenaires commerciaux pour accroître les ventes à l’international.
Le programme prévoit également une amélioration des conditions de travail dans les mines et usines de transformation, ainsi qu’un renforcement des mesures environnementales, notamment à travers le recyclage des eaux usées pour le lavage du phosphate.
Une réorganisation du complexe chimique tunisien
Le conseil ministériel a également abordé la situation du Complexe Chimique Tunisien (CCT), acteur clé de l’industrie du phosphate. Son programme de restructuration pour la période 2025-2030 vise à :
- Améliorer la rentabilité des unités de production avec une montée en charge progressive jusqu’à 80 % de leur capacité maximale d’ici 2028.
- Créer des unités industrielles innovantes, notamment une usine de production d’acide phosphorique et d’engrais spécialisés.
- Développer la production d’ammoniac vert pour favoriser la transition écologique et réduire la dépendance aux importations d’engrais chimiques.
- Valoriser les déchets industriels, notamment à travers l’utilisation du phosphogypse comme matière première réutilisable au lieu d’un simple déchet à éliminer.
Des mesures pour une meilleure gouvernance et un impact durable
Dans un souci de gouvernance optimale, une instance permanente de suivi sera mise en place pour assurer la bonne exécution de ce plan de relance. De plus, plusieurs initiatives visent à améliorer les performances logistiques, notamment avec :
- La réhabilitation des infrastructures de transport du phosphate, notamment le réseau ferroviaire.
- L’optimisation des processus de stockage et d’exportation, afin de limiter les pertes et maximiser les capacités de production.
Avec ce programme ambitieux, la Tunisie entend restaurer la compétitivité de son secteur du phosphate et assurer un retour progressif à une production stable et durable. Ce redressement est essentiel pour renforcer l’économie nationale et garantir un développement équilibré des régions productrices, notamment dans le bassin minier et à Gabès.
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