La dette extérieure de la Tunisie a connu une augmentation sans précédent depuis 2011. Le taux d’endettement en proportion du PIB a pratiquement doublé durant la dernière décennie. Celle-ci a été marquée par un recours massif à l’emprunt extérieur pour faire face à la forte expansion des dépenses publiques et à l’importante détérioration de la balance des paiements.
Toutefois, le recours de moins en moins prononcé aux tirages de prêts extérieurs ces deux dernières années et l’amélioration des ressources budgétaires propres, ont permis de limiter l’expansion de l’encours de la dette extérieure et de maitriser les déficits public et extérieur.
Dans ce contexte, le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) sur les dettes internationales indique que l’encours de la dette extérieure tunisienne a baissé de 41,688 milliards de dollars en 2021 à 39,652 milliards de dollars et ce, pour la première fois depuis 2010, année qui a enregistré un encours n’ayant pas dépassé 22,666 milliards de dollars. Le trend exponentiel de la dette extérieure tunisien a été finalement inversé avec un flux de financement net négatif, estimé l’année dernière par l’organisation internationale à – 694 millions de dollars.
Toutefois, le stock élevé de la dette extérieure tunisienne évalué à 87% du revenu national brut pose encore des défis concernant, en particulier, sa maturité du fait qu’elle est composée à hauteur de 58% de dette à long terme.
Aussi, la gestion du service de cette dette constitue une problématique pour les équilibres des finances publiques puisqu’il représentait 18% des exportations et 9% du revenu national en 2022, d’après les données de l’institution de Betton Woods.
Tout de même, les perspectives de la soutenabilité de la dette tunisienne paraissent rassurantes et pour cause, le pays s’est acquitté cette année de la totalité du service de sa dette extérieure (11 milliards de dinars) sans aucun rééchelonnement ou retard de règlement ce qui exprime la consolidation de sa capacité à faire face à ses emprunts, c’est-à-dire, sa solvabilité.
La capacité qui s’améliore pour lever des ressources internes et abaisser les dépenses, dans un contexte sociopolitique stable est également un signe de maitrise du fardeau de la dette extérieure tunisienne qui s’est accumulée durant de longues années. Mais l’affermissement de la capacité de gérer le poids de la dette dépend aussi des perspectives de croissance.
Néanmoins, plusieurs critères doivent être mis en avant pour renforcer au futur la soutenabilité de la dette tunisienne. Ceux-ci se rapportent en l’occurrence à la nécessité de maitriser davantage le ratio de la dette sur le PIB et le ratio service de la dette sur le PIB à des niveaux en synergie avec les schémas annuels du développement macroéconomique tout en regardant la maturité moyenne de la dette qui plus elle est courte, plus le pays est vulnérable à une crise de liquidités.
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