L’aéroport de Zurich, le plus fréquenté de Suisse, a confirmé lundi qu’il ne diffusera plus ses annonces en français, malgré le statut de cette langue comme deuxième la plus parlée du pays. Seules les annonces en allemand et en anglais subsistent, une décision qui suscite de nombreuses réactions.
Selon Livia Caluori, porte-parole de l’aéroport de Zurich, cette décision s’inscrit dans un concept baptisé “aéroport silencieux”, visant à réduire au minimum le nombre d’annonces pour offrir un environnement plus calme et confortable aux voyageurs.
« La grande majorité des aéroports européens adoptent une approche similaire », explique-t-elle à l’AFP.
Cependant, cette justification peine à convaincre, notamment dans un pays où le plurilinguisme est un pilier de l’identité nationale. L’allemand, le français, l’italien et le romanche sont les quatre langues officielles de la Confédération helvétique, et de nombreux citoyens considèrent leur égalité comme un principe fondamental.
Le journal suisse Tages-Anzeiger, qui a révélé cette information, regrette que le français devienne une “lingua non grata” à Zurich. Il souligne que l’aéroport de Genève, lui, continue de publier toutes ses informations en trois langues : français, allemand et anglais.
Autre élément marquant : Swissport, l’entreprise responsable des services au sol à Zurich, a cessé d’effectuer ses annonces en français depuis juillet 2024. Pourtant, pour de nombreux voyageurs, entendre une annonce en français en arrivant à Zurich faisait partie des repères qui signalaient leur entrée en Suisse, au même titre que les boutiques remplies de chocolats et de montres de luxe.
Bien que l’aéroport insiste sur le fait que les employés francophones restent disponibles pour aider les voyageurs, la suppression des annonces en français est perçue comme un recul symbolique. En 2024, Zurich a accueilli 31,2 millions de passagers, un chiffre proche de son record de 31,5 millions en 2019. Pourtant, alors que le trafic aérien retrouve son dynamisme, le français disparaît progressivement des services aéroportuaires.
“La décision sur les langues utilisées pour les annonces revient aux exploitants de l’aéroport ou aux compagnies aériennes”, précise Nathalie Berchtold, porte-parole de Swissport.
À ce jour, les annonces en français ne subsistent qu’en porte d’embarquement pour les vols à destination de pays francophones.
Cette décision intervient dans un contexte où le débat sur la place du français en Suisse ressurgit régulièrement. En 2020 déjà, des élus romands avaient dénoncé la sous-représentation du français dans certaines institutions fédérales. L’abandon des annonces en français à l’aéroport de Zurich pourrait donc relancer la polémique et raviver les tensions entre les différentes régions linguistiques du pays.
Si la tendance se poursuit, le plurilinguisme helvétique, autrefois considéré comme une richesse et un facteur d’unité, risque de se voir relégué au second plan, au profit d’une homogénéisation linguistique au sein des infrastructures publiques.
Laissez un commentaire