La prestigieuse université de Harvard se retrouve une nouvelle fois dans l’œil du cyclone politique. Selon des révélations publiées samedi par la New York Times et la Washington Post, l’administration du président américain Donald Trump a intensifié ses pressions sur l’institution, lui adressant des exigences qualifiées d’« inconstitutionnelles » par la direction de l’université.
Le 11 avril dernier, Harvard aurait reçu une lettre émanant de juristes gouvernementaux détaillant une série de requêtes particulièrement intrusives.
Problème : cette missive aurait été transmise avant même d’obtenir le feu vert des hauts responsables de la Maison-Blanche. Parmi les demandes, figure notamment la remise en question du droit de l’université à gérer librement ses recrutements, ses procédures d’admission et ses politiques internes.
Trois jours plus tard, Harvard rejette ces demandes, dénonçant des tentatives d’ingérence incompatibles avec ses libertés fondamentales garanties par la Constitution. « Les exigences de l’administration vont bien au-delà de ses compétences », a dénoncé le président par intérim de Harvard, Alan Garber, dans une lettre adressée aux étudiants, enseignants et personnel.
En représailles, l’administration Trump a annoncé le gel d’un financement public de 2,3 milliards de dollars destiné à l’université, tout en brandissant la menace de lui retirer son statut fiscal privilégié ainsi que ses autorisations relatives à l’accueil d’étudiants étrangers. Elle a également exigé que Harvard lui transmette des informations sur ses relations internationales, ses étudiants et son corps professoral.
Harvard n’est pas seule dans cette tourmente. Depuis plusieurs mois, les universités américaines sont la cible d’une campagne orchestrée par la présidence, accusées de laxisme dans la gestion des manifestations étudiantes pro-palestiniennes. Donald Trump a récemment dénoncé « une tolérance dangereuse envers les discours antisémites » au sein des campus, citant les événements survenus l’an dernier à Columbia.
Pour rappel, ces protestations, organisées en soutien à la Palestine et en réaction aux opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, ont gagné plus de 50 universités aux États-Unis. Plus de 3 100 personnes – en majorité des étudiants et professeurs – ont été interpellées lors de sit-in ou d’occupations pacifiques. Plusieurs organisations juives, impliquées dans ces manifestations, rejettent les accusations d’antisémitisme, insistant sur le fait que leur critique vise la politique israélienne, non l’identité juive.
Dans un climat tendu où se croisent libertés académiques, enjeux diplomatiques et pressions politiques, Harvard affirme son refus de céder à ce qu’elle considère comme une instrumentalisation politique. L’affaire illustre un tournant préoccupant pour les relations entre pouvoir exécutif et institutions d’enseignement supérieur aux États-Unis, en pleine campagne présidentielle.
Laissez un commentaire