Economie

USA – Inflation, dettes, douanes : le consommateur américain réduit ses dépenses, Wall Street s’inquiète

USA – Inflation, dettes, douanes : le consommateur américain réduit ses dépenses, Wall Street s’inquiète

Des signaux inquiétants sur la solidité du consommateur américain

Le consommateur américain, longtemps présenté comme le pilier de la croissance économique des États-Unis, montre aujourd’hui des signes clairs d’essoufflement.

Les dernières données économiques publiées par plusieurs institutions majeures, dont JP Morgan, la Réserve fédérale et l’Université du Michigan, dressent un tableau préoccupant : hausse des impayés, recours accru au crédit, chute de la confiance des ménages, et inquiétudes face au retour des barrières douanières imposées par l’administration Trump.

Des dettes de cartes de crédit au plus haut depuis 13 ans

Selon les résultats du 1er trimestre 2025 publiés par JP Morgan, le taux de défaut sur les cartes de crédit a atteint son niveau le plus élevé depuis 2012. Le taux de “shut-off” — c’est-à-dire les crédits considérés comme irrécouvrables — dépasse désormais ceux enregistrés avant la pandémie, mettant fin à plusieurs années de performance solide soutenue par les aides publiques.

La Réserve fédérale de Philadelphie confirme cette tendance : de plus en plus de titulaires de cartes se limitent au paiement minimum, tandis que les retards de 30 à 90 jours augmentent.

Les dettes renouvelables atteignent un nouveau record historique, signe d’une pression croissante sur les budgets des ménages.

Des droits de douane qui ravivent les craintes inflationnistes

L’inquiétude grandit avec le retour des droits de douane : 10 % sur la majorité des importations, et jusqu’à 145 % sur certains produits chinois, dans le cadre d’une nouvelle stratégie commerciale défendue par Donald Trump. Face à cela, les consommateurs anticipent déjà les hausses de prix.

Jeremy Barnum, directeur financier de JP Morgan, évoque dans le Financial Times un comportement de dépense préventive, les consommateurs se ruant sur des biens dont les prix risquent de grimper. Ce mouvement de panique à court terme pourrait masquer une contraction de la consommation à moyen terme.

La confiance des ménages au plus bas depuis 2009

L’enquête préliminaire de l’Université du Michigan montre une chute abrupte de la confiance des consommateurs depuis décembre, alimentée par la crainte d’une dégradation du marché du travail. Le nombre d’Américains anticipant une hausse du chômage atteint son niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2009.

En parallèle, les données de l’entreprise de géolocalisation Placer.ai révèlent une augmentation de la fréquentation des magasins de déstockage et des enseignes de vente en gros, confirmant un comportement d’achat de précaution face aux hausses de prix imminentes.

Des avis partagés dans le secteur bancaire

Si certains analystes comme Jeremy Barnum reconnaissent une vulnérabilité accrue chez les ménages à faibles revenus, d’autres, comme Mike Santomassimo de Wells Fargo, estiment que la consommation reste stable, notamment en matière de paiements par carte.

Toutefois, ce dernier nuance : la taille réduite du portefeuille de cartes de crédit de Wells Fargo par rapport à JP Morgan pourrait expliquer la divergence d’analyse. De son côté, Jamie Dimon, PDG de JP Morgan, rappelle que le taux de chômage reste l’indicateur principal pour évaluer la solidité des portefeuilles de prêts.

Risque de récession : un scénario à 50 % selon JP Morgan

Jamie Dimon ne cache pas ses préoccupations : il évalue à 50 % la probabilité d’une récession aux États-Unis d’ici les 12 prochains mois. Ce pronostic traduit une montée des incertitudes, dans un contexte où les ménages subissent à la fois l’inflation, le poids des dettes et la volatilité politique à Washington.

La grande question reste de savoir si le consommateur américain — souvent considéré comme le moteur de l’économie mondiale — pourra résister à cette conjoncture difficile. En attendant, les entreprises comme Walmart observent une volatilité quotidienne des ventes, symptôme direct d’un climat de fragilité croissante dans les foyers américains.

Vers une fin du cycle de consommation ?

Entre tensions commerciales, endettement record, et baisse de moral, l’économie américaine pourrait bien entrer dans une nouvelle phase d’instabilité.

Si les autorités n’interviennent pas rapidement pour contenir les effets combinés des hausses tarifaires et du crédit sous tension, la résilience du consommateur pourrait s’éroder durablement, avec des répercussions à l’échelle mondiale.

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