Vers une surveillance numérique renforcée des étrangers
La nouvelle mesure annoncée mercredi 9 avril 2025 par le département américain de la Sécurité intérieure marque un tournant dans la politique migratoire de l’administration Trump. Désormais, les autorités américaines surveilleront les publications sur les réseaux sociaux des demandeurs de visa ou de résidence permanente. Tout contenu jugé « antisémite » pourra entraîner un refus de visa ou l’annulation d’un titre de séjour.
Selon un communiqué officiel, seront considérées comme « antisémites » les publications soutenant des organisations classées comme terroristes par les États-Unis, notamment le Hamas, le Hezbollah ou les Houthis du Yémen.
Le département a précisé que le harcèlement physique de personnes de confession juive pourra également motiver le rejet d’une demande de visa.
Des mesures immédiatement applicables
La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a été claire : « Ceux qui pensent pouvoir venir aux États-Unis et se cacher derrière le premier amendement pour justifier la violence ou le terrorisme antisémite doivent réfléchir à deux fois. Ils ne sont pas les bienvenus ici ». Les mesures sont déjà en vigueur et concernent aussi bien les visas étudiants que les demandes de « Green Card ».
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a quant à lui révélé avoir annulé près de 300 visas ces dernières semaines. « Les non-Américains n’ont pas les mêmes droits constitutionnels que les citoyens. L’octroi d’un visa relève de l’exécutif, pas des tribunaux », a-t-il insisté.
Une politique ciblant les pro-palestiniens ?
Selon plusieurs médias américains, dont Reuters, l’administration Trump assimile régulièrement les discours en faveur des droits des Palestiniens à de l’antisémitisme. Elle considère les manifestants soutenant Gaza comme complices d’organisations qualifiées de terroristes. Cette politique a conduit à la suppression de visas étudiants, à des menaces de suspension de financements fédéraux pour certaines universités, et à des tentatives de renvoi d’étudiants militants.
L’exemple le plus emblématique est celui de Mahmoud Khalil, leader d’un mouvement étudiant pro-palestinien à l’université de Columbia à New York. Malgré sa carte verte, il a été arrêté et transféré en Louisiane, en vue d’une expulsion imminente.
Vives critiques des défenseurs des droits civiques
L’annonce a suscité une vive réaction de la part d’ONG et d’experts en liberté d’expression. L’organisation FIRE (Foundation for Individual Rights and Expression) accuse l’administration Trump d’« institutionnaliser la censure ». Selon elle, « surveiller et sanctionner les étrangers uniquement pour leurs opinions exprimées sur les réseaux sociaux est une attaque contre la liberté d’expression ».
Le projet Nexus, engagé dans la lutte contre l’antisémitisme, s’est également exprimé, accusant la Maison-Blanche d’utiliser ce fléau comme prétexte pour cibler les migrants et assimiler la critique d’Israël à de la haine raciale.
Climat de méfiance dans un contexte tendu
Cette décision intervient sur fond de guerre à Gaza, où les actions israéliennes suscitent de nombreuses critiques à travers le monde. Des groupes de défense des droits humains évoquent une recrudescence de l’islamophobie et de la stigmatisation des populations arabes aux États-Unis.
La nouvelle politique américaine soulève ainsi une double inquiétude : celle d’une atteinte directe à la liberté d’expression garantie par la Constitution, et celle d’une instrumentalisation politique de l’antisémitisme dans un contexte international déjà explosif.
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