Economie

Vape : la Chine, premier producteur mondial, restreint sévèrement son usage intérieur

Vape : la Chine, premier producteur mondial, restreint sévèrement son usage intérieur

La Chine, leader incontesté dans la production mondiale de cigarettes électroniques, affiche un paradoxe saisissant : si elle inonde la planète de dispositifs de vapotage, elle en serre progressivement l’usage sur son propre territoire.

Près de 90 % des cigarettes électroniques et du matériel de vapotage vendus dans le monde sont fabriqués en Chine, principalement dans la ville industrielle de Shenzhen, devenue en quelques années la capitale mondiale de la vape. De grandes marques internationales, telles que SMOK, Vaporesso, Voopoo ou GeekVape, y conçoivent et y produisent leurs dispositifs, destinés majoritairement à l’exportation vers l’Europe, l’Amérique du Nord et d’autres marchés émergents.

Pourtant, depuis le 1er octobre 2022, la Chine a imposé une réglementation stricte sur la vente intérieure de cigarettes électroniques. Désormais, seuls les produits au goût tabac sont autorisés sur le marché domestique, bannissant les arômes fruités, sucrés ou mentholés, considérés comme particulièrement attractifs pour les jeunes. De plus, la vente en ligne d’e-cigarettes est interdite, et seuls les dispositifs fermés (pods pré-remplis) sont autorisés, excluant les systèmes ouverts rechargeables.

Le prix à l’exportation de ces produits connaît également une évolution : la Chine reste compétitive, mais fait face à des coûts de production en hausse, notamment liés aux nouvelles normes de qualité imposées aux fabricants. Cette situation pourrait à terme redistribuer certaines cartes sur un marché mondial en forte croissance.

La politique chinoise s’inscrit dans une volonté affichée de protéger la jeunesse et de réduire l’addiction à la nicotine, tout en maintenant une position dominante sur le marché international. Pékin jongle ainsi entre des intérêts économiques majeurs et des considérations de santé publique, tentant d’équilibrer ses priorités à l’échelle nationale et globale.

La consommation personnelle de cigarettes électroniques demeure tolérée en Chine, mais est désormais interdite dans de nombreux lieux publics à Shanghai, Shenzhen et dans d’autres grandes métropoles. Le gouvernement renforce par ailleurs les campagnes de sensibilisation sur les dangers du vapotage, notamment auprès des jeunes générations.

Ce paradoxe chinois illustre un modèle économique où la production de masse est encouragée pour l’exportation, alors que l’usage domestique est strictement encadré. Un schéma déjà observé dans d’autres industries sensibles, confirmant la capacité de Pékin à dissocier ses ambitions économiques de ses politiques de santé publique.

Situation en Tunisie

En Tunisie, le vapotage est légal mais évolue dans une zone grise réglementaire. Depuis 2014, la vente de produits de vapotage est soumise au monopole de la Régie Nationale des Tabacs et Allumettes (RNTA), limitant l’offre disponible aux produits approuvés par cet organisme. Cette situation a conduit à une offre restreinte et a favorisé le développement de circuits parallèles pour répondre à la demande des consommateurs. 

Les autorités tunisiennes ont exprimé leur intention de réglementer davantage le secteur. En mai 2023, le ministère de la Santé a annoncé travailler sur un projet de loi visant à encadrer la vente et l’utilisation des cigarettes électroniques, notamment en imposant des restrictions sur les arômes et en établissant des normes de qualité pour les produits. 

Ainsi, tandis que la Chine renforce son contrôle sur le marché intérieur tout en maintenant une production destinée à l’exportation, la Tunisie cherche à établir un cadre réglementaire clair pour encadrer l’usage des cigarettes électroniques sur son territoire.

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