La Corée du Sud traverse une crise politique et sociale sans précédent après la proclamation de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol, ce mardi 3 décembre.
Dans un contexte tendu marqué par des débats parlementaires houleux et des tensions politiques croissantes, cette décision a été immédiatement dénoncée comme « illégale » par l’opposition et a entraîné des manifestations massives devant le Parlement.
Dans une allocution télévisée surprise, le président Yoon Suk Yeol a justifié l’instauration de la loi martiale par la nécessité de protéger la Corée du Sud contre les menaces internes et externes, notamment celles qu’il a qualifiées de « forces pro-nord-coréennes ».
Selon lui, le Parlement sud-coréen est devenu un « refuge de criminels » paralysant les institutions du pays. La mesure exceptionnelle inclut l’interdiction de toutes les activités politiques, la mise sous contrôle des médias, et l’attribution du commandement national au chef d’état-major, le général Park An-su.
Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, a dénoncé une décision « inconstitutionnelle » et appelé les citoyens à se rassembler devant le Parlement en signe de protestation. Des centaines de manifestants ont répondu à cet appel dès la nuit, tandis que des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre.
Malgré la proclamation de la loi martiale, le Parlement a voté contre sa mise en œuvre, rendant la situation encore plus incertaine. Cette décision, qui intervient pour la première fois depuis 1980, suscite de vives critiques dans le pays et à l’international.
La crise trouve ses racines dans le rejet par le Parlement du projet de budget proposé par le gouvernement, aggravé par des accusations de corruption et des luttes partisanes. La décision du président a également pour objectif de forcer la fin d’une grève des médecins et de rétablir l’ordre dans un climat de paralysie institutionnelle.
La Chine et les États-Unis ont réagi rapidement à ces événements. Pékin a appelé ses citoyens en Corée du Sud à la prudence, tandis que Washington, principal allié de Séoul, a annoncé surveiller la situation de près. La Corée du Sud, abritant des milliers de soldats américains, est un partenaire clé pour les États-Unis dans la région.
La loi martiale, par définition, suspend temporairement les libertés civiles au profit du contrôle militaire. Cependant, son application dans un pays démocratique comme la Corée du Sud, où elle n’a pas été décrétée depuis plus de 40 ans, soulève des questions sur l’avenir de ses institutions.
Cette crise reflète des tensions profondes dans une société habituée à une démocratie dynamique mais parfois fragile.
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